PolémiqueAvortement: l’assurance Helsana dans la tourmente
Depuis des années, la caisse octroie des rabais de primes aux membres de l’organisation anti-avortement Pro Life. Celles et ceux qui ne le savaient pas ont mis en ébullition Twitter ce dimanche.
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Depuis l’arrêt de la Cour suprême des États-Unis, le droit à l’avortement est redevenu un sujet sensible en Suisse aussi.
Getty ImagesVendredi, le site de «Swissinfo» a publié une enquête, qui parle de l’avortement en Suisse. «Entre lobbying, centres d’aide aux femmes enceintes, installation de boîtes à bébés ou offres de rabais sur les assurances, les pro-vie helvétiques rivalisent d’ingéniosité pour restreindre le droit à l’avortement», note l’article en préambule.
Les milieux anti-avortement
Tout le monde se souvient que le 24 juin dernier, par la Cour suprême des États-Unis a révoqué le droit fédéral à l’avortement. Cela a provoqué une onde de choc dans le monde occidental. La Suisse n’y a pas échappé. Swissinfo fait donc le tour des acteurs et des actrices de la scène anti-avortement, en particulier les deux conseillères nationales de l’UDC, Yvette Estermann (UDC/LU) et Andreas Geissbühler (UDC/BE), qui ont déposé des initiatives à Berne pour restreindre ce droit. Swissinfo parle de l’association Mamma et de son président, Dominik Müggler, qui a créé les «boîtes à bébé» avec sa fondation l’Aide suisse pour la mère et l’enfant.
Conforme aux usages de la branche
L’article parle enfin de l’association Pro Life, créée en 1989 et rassemblant quelque 70 000 membres en Suisse. Cette dernière négocie depuis des années avec l’assurance Helsana des réductions de primes pour les assurances complémentaires à ses membres, qui signent une charte de renonciation à l’avortement. Cela avait l’objet d’un article au début juillet dans «ArcInfo». Helsana avait répondu alors qu’elle avait conclu avec l’association «un contrat collectif conforme aux usages de la branche». Autrement dit, qu’elle agissait en conformité avec sa stratégie d’acquisition de clientes et clients.
En 2016 déjà
Au Conseil national, Lisa Mazzone (V/GE) avait déjà soulevé cette question en 2016 dans une interpellation. Elle concernait Helsana, mais également la CSS. Le Conseil fédéral lui avait répondu qu’on pouvait trouver cela problématique, certes, mais que, dans le fond, cela restait en conformité avec la loi sur l’assurance-maladie.
«Ces contrats honteux»
Il semblerait que beaucoup de personnes n’étaient pas au courant de cette pratique de l’assurance Helsana. Ce dimanche sur Twitter, le conseiller d’État genevois Thierry Apothéloz a réagi en interpellant la caisse. D’autres intervenants, que l’on devine à gauche de l’échiquier politique, ont repris cette information durant l’après-midi. La politicienne genevoise Olga Baranova, qui avait dirigé la campagne en faveur du mariage pour tous, demande à l’assurance de cesser cette pratique: «Helsana, ne nous oblige pas à te spammer de lettres protestataires ou à appeler au boycott. Résilie ces contrats honteux sans attendre».
Un «rabais idéologique»?
Passablement d’intervenants sur Twitter annoncent qu’ils vont résilier leurs assurances chez Helsana. Ceux qui n’y sont pas se réjouissent de ne pas y être… Florian Chappot, conseiller municipal socialiste de la Ville de Sion, en profite pour détourner une publicité de l’assureur dont le slogan est «Vive la vie» et «Rire, ça rend fort». Un observateur fait remarquer enfin que Helsana et la CSS offrent un rabais de 10% sur les complémentaires pour les anti-IVG. Les clients «normaux» de ces deux caisses payeraient environ 3 à 4% de trop à cause de ce «rabais idéologique» accordé aux pro-vie.