PérouAprès deux mois, le président péruvien change déjà de Premier ministre
Guido Bellido Ugarte est remplacé, deux mois seulement après sa prise de fonction, par Mirtha Vásquez, une militante de l’environnement et des droits humains.
Le président péruvien Pedro Castillo a annoncé mercredi la démission de son Premier ministre, deux mois après sa prise de fonction, une décision qui entraîne automatiquement celle de l’ensemble du gouvernement selon les institutions du pays.
«J’informe le pays que nous avons accepté aujourd’hui la démission du chef du gouvernement, Guido Bellido Ugarte, que je remercie pour ses services», a déclaré Pedro Castillo lors d’une brève allocution surprise de trois minutes diffusée par la télévision d’État.
Le président péruvien Pedro Castillo a choisi, pour remplacer Guido Bellido Ugarte, Mirtha Vásquez, une militante de l’environnement et des droits humains. Un geste envers l’aile modérée de la tacite coalition de gauche qui le soutient au gouvernement.
Cette avocate de 46 ans, ancienne présidente du Congrès, a prêté serment en présence du chef de l’État, lors d’une cérémonie au Palais du gouvernement retransmise par la télévision publique. «Pour Dieu, pour ce pays de femmes et d’hommes qui tous les jours luttent pour vivre dans la dignité, sans discrimination, et qui promeuvent de vrais changements, oui je le jure», a déclaré la nouvelle Première ministre.
«Atteindre des objectifs communs»
Guido Bellido Ugarte, ingénieur sans expérience politique de 41 ans, avait été nommé le 29 juillet à la tête du premier gouvernement du président de gauche Pedro Castillo, issu du même parti marxiste-léniniste Peru Libre. «Aujourd’hui, le président m’a demandé de présenter ma lettre de démission et je me suis immédiatement conformé à cette demande», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, assurant ne pas savoir «quelles sont les raisons» qui ont amené Pedro Castillo à changer de gouvernement.
«Je tiens à remercier et à réitérer ma gratitude, mon respect pour la confiance du président Pedro Castillo et pour avoir assumé ce poste, je crois, avec dignité», a-t-il ajouté. Dans sa lettre de démission, communiquée à la presse, Guido Bellido Ugarte écrit avoir présenté à Pedro Castillo sa démission «irrévocable en tant que chef du gouvernement, comme vous l’avez demandé».
Pedro Castillo, candidat de la gauche radicale, a été proclamé le 20 juillet vainqueur de l’élection présidentielle du 6 juin face à la candidate de la droite populiste Keiko Fujimori, de quelques dizaines de milliers de voix. Au cours de son bref message, Pedro Castillo a lancé un appel «à l’unité la plus large pour atteindre des objectifs communs», faisant notamment référence à la relance économique. «Il est temps de placer le Pérou au-dessus de toute idéologie et des positions de partis isolés», a souligné le président, un ancien instituteur rural qui porte en toutes circonstances un large chapeau traditionnel.
Tensions au Parlement
Maria del Carmen Alva, la présidente du Parlement, dominé par l’opposition de droite, s’est déclarée satisfaite de cette démission. «Après plusieurs jours d’incertitude inutile et de ministres fortement remis en question, nous nous félicitons de la décision du président Castillo de changer de cabinet. Le Congrès a les meilleures dispositions pour le dialogue et la gouvernabilité», a-t-elle tweeté.
De fortes tensions règnent dans l’hémicycle depuis la nomination de M. Bellido. Une situation exacerbée depuis la mort en prison du leader du groupe maoïste du Sentier lumineux, Abimael Guzman, le 11 septembre. Le Parlement avait accordé sa confiance au gouvernement le 27 août lors d’un vote mais la défiance s’est poursuivie, affectant l’économie, la monnaie locale, le sol, continuant de perdre de la valeur tandis que la Bourse de Lima chutait.
Le Pérou affronte une instabilité politique récurrente et a connu trois présidents différents en une seule semaine en novembre dernier. Sept des dix précédents dirigeants du pays ont été condamnés ou font l’objet d’une enquête pour corruption.