ÉditorialChic, les salaires vont augmenter… pour les plus riches!
Au 1er janvier 2023, comme l’assurance chômage va bien, le pourcent de solidarité prélevé chez ceux qui touchent plus de 148’200 francs par an sera supprimé.
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Les salariés qui touchent plus de 148 200 francs par an auront une augmentation au 1er janvier puisqu’ils auront une déduction de moins.
Getty Images/iStockphotoL’assurance chômage est principalement financée par les employeurs et les salariés. La cotisation s’élève à 2,2% du salaire déterminant annuel, payée à moitié par chacune des parties. Mais au début du millénaire, les comptes de cette assurance se sont retrouvés déficitaires et l’assurance chômage a connu un fort endettement.
Il a toutefois fallu attendre 2011 et la révision de la loi sur l’assurance chômage pour voir apparaître, afin de combler le trou, l’apparition du pourcent de solidarité. Pour les personnes dont le salaire dépasse les 148 200 francs annuels, 1% de la somme supplémentaire est versée à l’assurance chômage. Les plus riches contribuent ainsi à aider ceux qui n’ont plus de travail. Le terme de «solidarité» convient donc bien.
400 millions en plus par an
Bonne nouvelle, comme vient de l’annoncer le Secrétariat à l’économie ce matin, la situation financière de l’assurance chômage est suffisamment bonne pour qu’on laisse tomber cette contribution. La loi dit en effet que ce pourcent de solidarité «peut être prélevé jusqu’à ce que le capital propre du fonds de compensation de l’assurance chômage dépasse le seuil de 2,5 milliards de francs à la fin de l’année». Seuil qui sera atteint fin 2022.
Cela fera donc, dès janvier 2023, des salaires plus élevés pour la catégorie de revenus au-delà des 148’200 francs et un gain pour les entreprises qui les emploient, puisque ce pourcent sur la différence au-delà était payé moitié-moitié par chacun. Une différence pas si anodine puisque ce pourcent a rapporté jusqu’à 400 millions de francs par an.
Tant mieux pour eux! Rien à redire sur le principe, c’est la loi. Sauf qu’au moment où tous les pays se demandent comment améliorer le pouvoir d’achat de leur population, qui fait face à une hausse du coût de la vie, notamment à cause de l’explosion du prix des énergies, il serait souhaitable que l’on trouve également le moyen d’alléger un peu la charge (ou d’augmenter le revenu) de ceux qui n’ont pas la chance de toucher 150’000 francs par an. Et qui sont les principales victimes du renchérissement alors que leurs salaires sont peu voire pas indexés sur la hausse du coût de la vie.
Une solidarité qui a eu ses limites
À l’occasion de la suppression du pourcent de solidarité, il serait bienvenu que des propositions soient faites pour continuer à se montrer solidaires avec ceux qui en ont besoin. Cela afin de ne pas retomber dans une forme d’indécence qui a marqué les premières années de cette mesure. Entre 2011 et 2013, les riches payaient en effet, mais jusqu’à un certain point: la cotisation était plafonnée à 315’000 francs par mois. Ceux qui touchaient davantage ne payaient rien sur cette différence! Un plafond heureusement supprimé au 1er janvier 2014. Pendant deux ans, on a donc fait un cadeau aux très riches. Il serait peut-être temps de faire un cadeau aux plus modestes. Ou mieux, un geste. De solidarité.