Guerre en Ukraine: Les barres nutritives contre la famine comme dommage collatéral inattendu 

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Guerre en UkraineLes barres nutritives contre la famine comme dommage collatéral inattendu

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué une hausse du prix des céréales mais aussi une hausse du prix des emballages. Les ONG s’inquiètent. 

Au Kenya, en Ethiopie et en Somalie, 1,7 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent d’une forme de malnutrition aiguë.

Au Kenya, en Ethiopie et en Somalie, 1,7 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent d’une forme de malnutrition aiguë. 

AFP

Au pied d’un acacia du Nord kényan ravagé par la sécheresse, des enfants mangent à pleines dents des pâtes à base de beurre de cacahuète enrichies, un aliment thérapeutique essentiel pour les sauver de la malnutrition. Simples d’usage, faciles à transporter et à conserver, ces barres sont vitales pour les enfants du comté de Marsabit, où les travailleurs humanitaires s’alarment de voir des enfants périr dans des conditions proches de la famine. «Si l’on vient à manquer» de ces précieuses denrées riches en calories, vitamines et minéraux essentiels et notamment distribuées dans le hameau isolé de Purapul, «on va enregistrer d’autres décès très bientôt», redoute James Jarso, de l’ONG World Vision.

Mais alors que 1,7 million d’enfants risquent de mourir de faim dans la Corne de l’Afrique, voilà que s’envole le prix de ces pâtes prêtes à l’emploi connues sous l’acronyme anglais RUTF et dont Plumpy’Nut, du français Nutriset, est la marque la plus connue. Depuis le début de la guerre en Ukraine fin février, il est devenu plus difficile de les fabriquer et de s’en procurer, s’inquiète l’Unicef qui achète près de 80% de l’approvisionnement mondial.

L’Ukraine est un important exportateur d’huile de tournesol, de blé et d’autres céréales, et l’invasion du pays par la Russie a affecté le prix et la disponibilité des produits de base, mais aussi pesé sur les prix du carburant et sur les chaînes d’approvisionnement déjà perturbées par la pandémie. Par ricochet, les prix du lait en poudre, des huiles végétales et des cacahuètes – trois ingrédients-clé des RUTF – ont grimpé, explique Christiane Rudert, conseillère en charge de la nutrition au sein du bureau de l’Unicef pour l’Afrique de l’Est. Même les emballages plastiques rouge et blanc sont devenus plus onéreux et plus rares, selon elle, et leur acheminement plus coûteux du fait de la hausse des prix du carburant.

Sécheresse historique

La société Nutriset – dont les produits Plumpy’Nut ont bénéficié à 9,7 millions enfants l’année dernière – a indiqué à l’AFP, dans un communiqué, avoir procédé à deux augmentations successives du prix de ses barres nutritionnelles depuis mai 2021, soit une hausse de 23%. L’Unicef prévoit une augmentation de 16% des prix de RUTF d’ici novembre comparé aux niveaux d’avant la guerre en Ukraine.

Cette hausse des prix intervient au pire des moments, alors que plus de 1,7 million d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’une forme de malnutrition aiguë au Kenya, en Ethiopie et en Somalie, trois pays frappés par une sécheresse sans pareille depuis 40 ans. Distribuer les barres d’arachide va coûter «12 millions de dollars de plus que cela aurait coûté avant l’Ukraine», calcule Mme Rudert. Or, les donations pour la Corne de l’Afrique sont dramatiquement en-deçà des besoins. Les RUTF, qui ne nécessitent ni d’être réchauffées, ni diluées dans de l’eau pour être consommées sont «littéralement ce qui sauve la vie des enfants quand ils ont déjà atteint cette forme avancée de malnutrition. Ce n’est pas juste des cacahuètes, du lait, du sucre et de l’huile, c’est thérapeutique», ajoute Mme Rudert.

Produit révolutionnaire

Conçu il y a 25 ans en France, le produit s’est avéré révolutionnaire dans le traitement de l’émaciation sévère – ou malnutrition aiguë sévère – la forme de dénutrition la plus mortelle, qui représente une des principales menaces pour la survie des enfants. Il permet à des femmes et des enfants de survivre, témoigne depuis une clinique mobile le docteur Mohamed Amin, qui travaille pour le ministère de la Santé. Il consulte deux fois par mois à Purapul. Là, des rations de suppléments équivalentes à deux semaines sont distribuées.

Aripokiru Nakujan est une des bénéficiaires. La plus jeune de ses six enfants souffre de malnutrition. «Nous avons faim, nous n’avons rien à manger», dit-elle à l’AFP. A ses côtés, son bébé de six mois avale la pâte à base d’arachide. Une hausse des prix de 16%, soit 600’000 doses de RUTF en moins, serait désastreuse non seulement pour la Corne de l’Afrique, mais pour bien d’autres pays d’Afrique. «Il n’y a pas de lait. Il n’y a pas de viande, il n’y a pas de nourriture pour eux», insiste James Jarso. Et donc ces barres «leur sauvent la vie».

(AFP)

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