FootballLe FC Sion fait vraiment tout pour qu’on s’intéresse à lui
Soit ils régalent sur le terrain, soit ils font parler d’eux via Mario Balotelli, soit ils inventent le plus improbable des retours, samedi contre GC. Les Valaisans vivent dans un film d’action.
- par
- Florian Vaney, Zurich
Ce n’est pas vraiment un match qui rassure, qui pose les choses à plat après l’étonnante défaite contre Winterthour. On peut même y voir une rupture. Au Letzigrund, le FC Sion ne s’est jamais vraiment montré maître des événements. Et pourtant, il continue de générer cette force d’attraction. En s’inventant une deuxième vie face à Grasshopper pour revenir de 4-1 à 4-4, il a même ajouté une corde à son arc. On le savait capable d’assumer ses qualités jusqu’à forcer des succès logiques. Voilà qu’il peut renverser un scénario dans l’illogisme le plus total. Ça pourrait devenir compliqué à suivre. Mais pour l’heure, les émotions sont là.
Les trois enseignements
Le FC Sion a de l’ego. Et pour l’instant, de l’ego plutôt bien placé. Du genre à ne pas montrer un seul sourire de satisfaction ou de soulagement au coup de sifflet final, après avoir pourtant trouvé trois fois la faille entre la 75e et la 84e. Il y avait quelque chose d’hautement improbable, voire de surnaturel, à observer les Valaisans revenir dans une partie perdue d’avance. La retombée s’est voulue très soft, sans fanfaronnade. Une façon de faire comprendre qu’ils étaient passés bien trop à côté de leur match pour se réjouir d’un point arraché. Et qu’il y a trop de qualités dans cette équipe pour se contenter d’amuser la galerie en jouant avec le script d’un match.
On ne revient pas sur ce qu’on a écrit: le Mario Balotelli aperçu le week-end dernier contre Winterthour n’a pas sa place dans le cœur du jeu sédunois. Il faut bien reconnaître en revanche qu’il en va autrement de sa version de samedi, perfectible mais nettement plus généreuse. En soutien de deux attaquants, avec trois milieux derrière lui, il peut prendre la forme d’une rampe de lancement menaçante. Lorsqu’il ne se lance pas lui-même, comme sur le 4-3, son premier but dans le jeu en Valais. Au fond, tout le monde s’en doute depuis son arrivée: Mario Balotelli fera comme il veut. S’il veut donner de lui-même sur le terrain, alors Sion peut s’en réjouir.
La bonne solution n’est pas toujours la même. Samedi, Paolo Tramezzani n’a pas hésité. La première mi-temps de ses protégés était insuffisante? Deux changements à la pause. Pas de grande amélioration? Trois changements à la 59e! Pourtant, lors de sa dernière visite au Letzigrund, le coach de Sion s’était montré patient. On était début août, l’adversaire se nommait FC Zurich et les Valaisans n’arrivaient à peu près à rien. Si bien que la seule décision qui semblait s’imposer était, au minimum, de changer les deux invisibles ailiers à la pause. Paolo Tramezzani avait voulu continuer comme ça, juste quelques minutes pour voir, et son équipe menait 3-0 vingt minutes plus tard. Le feeling lorsqu’on est entraîneur, ça aide.
Le meilleur Valaisan: Musa Araz
Distribuer des distinctions après une partie aussi insensée a quelque chose de périlleux, tant chacun trouvera à se reprocher. Reste que la bouffée d’air frais que représente le retour au jeu de Musa Araz fait prendre conscience de l’importance du rôle qu’il a pris dans son équipe. Travailleur incessant, il a fait ce qu’on attendait de lui contre GC.
Le héros malheureux: Amir Abrashi
Le capitaine de Grasshopper ne peut rien se reprocher, mais il doit vivre un très vilain dimanche de récupération. Amir Abrashi a rejoint le banc pendant que ses coéquipiers étaient encore en train de fêter le 4-1 que venait d’inscrire Hayao Kawabe. Son match s’est composé de bons choix, d’inspirations intéressantes et d’une rigueur qui a mené la rencontre à être ce qu’elle était lors de cette 70e minute où il quittait le terrain: maîtrisée par un Grasshopper qui semblait intouchable. Le dénouement a dû être difficile à avaler.
L’homme à revoir: François Moubandje
Pour son premier match en tant que Valaisan sur le couloir gauche, on a vu ses capacités physiques et son envie de projection vers l’avant. Mais aussi une insécurité plus dérangeante dans certaines situations sous pression. Il n’avait pas encore un match complet dans les jambes, sa sortie à la 59e se voulait parfaitement attendue.
La statistique
Quatre, comme le nombre de cartons jaunes servis à Numa Lavanchy depuis le début de l’exercice. Le Vaudois, qui a énormément donné samedi, fidèle à son habitude, a écopé du quatrième à la 52e minute. Son soupir livrait le fond de sa pensée: il manquera le prochain match. Ce sera la réception de Lucerne samedi prochain.
Une question pour penser l’avenir
Le FC Sion ne manque pas de solutions et de profils offensifs: qu’en est-il de sa profondeur défensive et médiane? La façon dont sera remplacé au prochain match le latéral droit Numa Lavanchy, qui a disputé toutes les minutes de jeu disponibles cette saison, livrera un premier indice.
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