PharmaLes hôpitaux confrontés à une pénurie de certains médicaments
Même des préparations jugées indispensables voire vitales par la Confédération font défaut. Les hôpitaux se préparent à produire eux-mêmes certains produits.
La Suisse est confrontée à une pénurie de médicaments. Selon la NZZ am Sonntag, le nombre de préparations non disponibles a doublé en cinq ans. Les entreprises pharmaceutiques signaleraient ainsi jusqu’à 200 cas de difficultés d’approvisionnement par an. Parmi eux, 77 médicaments sont considérés comme indispensables par l’Organisation mondiale de la santé ou vitaux par la Confédération. Si l’on ajoute tous les dosages, tailles d’emballage et formes galéniques, le manque serait de 613.
Les centres spécialisés dans les addictions sont touchés de plein fouet par cette pénurie. Ainsi l’Antabus, un important médicament pour le sevrage des alcooliques, n’est plus disponible en Suisse. Du coup, une clinique, qui a voulu rester anonyme, a dû proposer une autre préparation à ses patients, et ce au plein milieu de leur thérapie. Selon la NZZ, Mepha, le fabricant de l’Antabus – le seul en Suisse à le proposer – a eu des soucis de qualité lors de sa production et le produit ne sera pas disponible avant novembre au mieux. Du coup, c’est le rationnement.
Un approvisionnement qui se détériore
«La situation de l’approvisionnement en produits thérapeutiques se détériore continuellement depuis début juin», déplore Enea Martinelli, pharmacien en chef du groupe hospitalier bernois FMI, cité par le journal. Car outre les problèmes de livraison, des médicaments disparaissent également du marché. Rien que depuis avril, sept n’existent plus. Explication: ces médicaments sont anciens et leur production n’est plus rentable.
Les grands malades qui ont besoin d’analgésiques à base d’opiacés sont particulièrement touchés par le problème. Trois médicaments spéciaux ne sont en effet plus disponibles depuis des mois. Or ils viennent tous du même fabricant Mundipharma qui évoque des «problèmes persistants dans la production». La pénurie est telle qu’en mars, la Confédération a dû intervenir et puise dans ses réserves obligatoires pour soulager les patients.
Les sirops pour la toux des enfants aussi
Et ce n’est de loin pas fini. La pénurie guette aussi les médicaments contre le rhume pour les enfants, et ce alors que l’automne n’a même pas commencé. Ainsi, le groupe Inselspital à Berne doit déjà se fournir à l’étranger. Hic: ailleurs aussi on connaît le problème, à l’image de l’Allemagne. Seules deux entreprises y commercialisent encore des sirops contre la toux contenant du paracétamol. Elles étaient encore onze il y a 12 ans. Du coup, les pharmaciens commencent à y fabriquer eux-mêmes des sirops, une solution envisagée en Suisse aussi. Mais c’est compliqué, cela prend du temps et ce n’est guère avantageux, souligne la NZZ.
Du coup un concept de soins est en préparation à Berne. Un groupe d’experts composé de représentants de la Confédération, des cantons, de l’industrie pharmaceutique et de spécialistes des hôpitaux a récemment entamé des travaux. Il doit élaborer d’ici à la fin de l’année des propositions sur la manière dont la sécurité de l’approvisionnement peut être établie.