CinémaAprès des accusations de viol, Luc Besson sera fixé mardi
Mardi, une cour d’appel française va rendre son verdict dans le cadre de l’enquête pour viol qui vise le réalisateur Luc Besson.
La cour d’appel de Paris doit se prononcer mardi sur le non-lieu pour «viol» ordonné en décembre par une juge d’instruction en faveur du réalisateur Luc Besson, dossier emblématique de l’ère #MeToo. La chambre de l’instruction a examiné le 19 avril le recours de l’actrice néerlando-belge Sand Van Roy contre l’abandon des poursuites dont a bénéficié le 9 décembre l’influent cinéaste et producteur français. Le ministère public a requis la confirmation du non-lieu.
Le 18 mai 2018, l’actrice déposait une plainte pour viol, quelques heures après un rendez-vous dans un palace parisien. Les deux protagonistes ont deux versions des événements: d’après Sand Van Roy, une pénétration anale imposée qui a conduit à son évanouissement, malgré ses injonctions à arrêter. Pour Luc Besson, un rapport vaginal consenti empreint de «douceur».
Deux mois plus tard, l’actrice déposait une plainte pour d’autres viols et agressions sexuelles commis entre 2016 et 2018 à Paris et Londres, épisodes d’une «relation d’emprise professionnelle» sous menaces de «rétorsion sur sa carrière d’actrice» avec celui qui est à l’origine de la création de la Cité du cinéma au nord de Paris.
Une confrontation
Au cours de l’enquête préliminaire, le cinéaste et la comédienne ont été confrontés une fois, en décembre 2018, avant le classement sans suite de l’enquête, en février 2019, par le parquet de Paris qui estimait n’avoir pu «caractériser l’infraction dénoncée».
L’actrice, qui apparaît dans «Valérian et la Cité des mille planètes» de Luc Besson, avait alors déposé une plainte avec constitution de partie civile et obtenu, malgré un refus du parquet de Paris, la saisine d’un juge d’instruction en octobre 2019. Deux ans plus tard, le 9 décembre dernier, une magistrate instructrice a rendu une ordonnance de non-lieu «en l’absence de tout élément matériel venant étayer les déclarations» de la plaignante de 34 ans.
«Je regrette d’avoir porté plainte»
Une vision rejetée par Sand Van Roy qui a porté plainte contre la juge pour «faux» et conteste radicalement la teneur de l’information judiciaire, selon elle biaisée et incomplète. «Luc Besson n’a jamais été confronté aux preuves matérielles qui l’accablent, par exemple au constat photographique réalisé aux unités médico-judiciaires le jour des faits, des coups et blessures sur le corps de la partie civile qui accrédite le viol relaté par celle-ci et contredit frontalement les déclarations de Luc Besson», dénonce Me Antoine Gitton, avocat de Sand Van Roy avec Me Francis Szpiner.
Ils ont récemment versé une analyse de quatre médecins venant confirmer l’existence et la compatibilité de ses blessures intimes avec sa version des faits dénoncés. «Je regrette d’avoir porté plainte, ce pays ne protège pas les victimes des gens connus», affirmait encore récemment l’actrice belgo-néerlandaise qui s’estime «détruite» par cette procédure.
«Nous attendons avec sérénité la décision»
Ses conseils ont demandé depuis l’audience du 19 avril la récusation de la magistrate de la cour d’appel qui doit se prononcer sur ce non-lieu, «une pure fiction écrite pour Luc Besson». Le producteur, 63 ans, connu pour «Le Grand bleu», le «Cinquième élément» ou «Léon», rejette ces accusations et évoque une relation extra-conjugale «légère et agréable», mutuellement consentie.
«Je n’ai jamais contraint physiquement ou moralement une femme à quoi que ce soit», avait-il assuré en octobre 2019, indiquant qu’il «regrett(ait) d’avoir eu une relation avec cette jeune fille alors qu’effectivement il y a un rapport de subordination». «Nous attendons avec sérénité la décision de la cour d’appel, fort de la position concordante du parquet de Paris, de la juge d’instruction et du parquet général qui ont tous conclu à l’innocence de Luc Besson», a commenté son avocat Me Thierry Marembert.
Le producteur de «Taxi» est l’une des figures françaises prises dans la vague d’accusations de femmes qui affirment avoir été victimes de viols ou d’agressions sexuelles dans la foulée de la chute du producteur américain Harvey Weinstein en octobre 2017.