FootballCommentaire: Le SLO banalise l’extraordinaire
Le club lausannois a battu GC samedi soir (2-1). Son premier succès dans l’élite. Une dinguerie qui récompense un travail de fourmi, malgré les quolibets.
- par
- Robin Carrel Lausanne
Je ne suis pas bien sûr que tout le monde se rende compte de ce qu’il s’est passé samedi soir à la Pontaise. Le Stade Lausanne Ouchy a gagné un match de Super League. LE STADE LAUSANNE OUCHY A GAGNÉ UN MATCH DE SUPER LEAGUE!
Et le tout, en battant Grasshopper (2-1) de façon totalement méritée, pas aidé par l’arbitre et en remontant un but de retard à la mi-temps. Le SLO a dépassé au classement le FC Bâle.
Ce n’est pas normal. Ce n’est pas normal du tout. Et si vous m’aviez dit ça il y a environ dix ans, je vous aurais répondu que c’est bien sympa de tricher à Football Manager et qu’au bout d’un moment, il va falloir songer à arrêter l’alcool. Mais c’est un fait: le Stade Lausanne Ouchy a gagné un match de Super League…
Un mois et demi avant ce «milestone», j’avais croisé Hiraç Yagan dans la foulée du match amical du SLO contre le Paris FC, un jeudi en milieu d’après-midi. Les Parisiens de Ligue 2 et leur budget de 25 millions d'euros avaient arraché un nul heureux (2-2) dans les arrêts de jeu, face à un SLO qui avait aligné une équipe formée à 100% du contingent de la saison dernière en Challenge League, qui l’avait vu envoyer le FC Sion au purgatoire.
Cet après-midi-là, Anthony Braizat n’avait fait aucun changement, laissant suer ses titulaires sous le cagnard pendant 90 minutes. J’avais dit au directeur sportif, qui me demandait ce que j’avais pensé du match des siens, qu’avec de telles prestations, ça devrait largement pouvoir le faire en première division contre des équipes comme Yverdon, Winterhour, le Lausanne-Sport ou… GC. Alors le maintien n’est pas assuré, hein. Mais cette victoire contre GC reste une dinguerie dont on ne mesure pas bien ce qu’elle raconte.
Autant dire que le rappel de cette discussion a bien fait marrer Yagan, samedi, sur le tartan de l’antique enceinte des Plaines du Loup… Et moi aussi, en passant. Mais ce succès d’un club qui était encore en 2e ligue interrégionale il y a neuf ans est aussi celui du travail et je trouve qu’on n’en parle pas assez.
Oui je sais, il est de bon ton de se moquer des affluences de la Pontaise et de la confidentialité de ce club pas comme les autres. Mais que le SLO batte le «Rekordmeister» (GC et ses 20 titres nationaux) et devance (provisoirement peut-être) le FC Bâle (qui joue ce dimanche), le grand FCB, celui qui nous a tous fait rêver en Ligue des champions et qui a dépensé plus de 35 millions d’euros en transferts ces derniers mois, veut dire pas mal de choses.
Au Stade Lausanne Ouchy, ça bosse en silence, ça a des idées et ça gagne des matches. Il y a certes un propriétaire qui a des moyens et qui assure, mais ça ne pète pas plus haut que son football. L’ossature de la saison dernière, qui a bien mérité sa place dans l’élite, a été conservée. Elle a été agrémentée par des transferts intelligents, jamais très chers, mais ciblés. C’est cohérent, réfléchi. À voir les différentes campagnes de recrutement des clubs vaudois et romands cet été, ça détonne. Et ça, dans le milieu du jeu de ballon, ça se voit et ça donne bonne réputation.
On était nombreux à penser que ce club était une nouvelle comète dans le foot vaudois et suisse. Il est en train de prouver le contraire à la force du poignet.