PoliceLe patron d’Interpol visé par une nouvelle plainte pour «torture»
l’ONG Gulf Centre for Human rights (GCHR) a déposé une nouvelle plainte contre Ahmed Nasser Al-Raisi. La preuve de sa présence en France suffirait à la justice française compétente.

L’Émirati Ahmed Nasser Al-Raisi avait été élu à Istanbul le 25 novembre.
AFPUne nouvelle plainte pour «torture» et «actes de barbarie» a été déposée mardi à Paris au pôle crimes contre l’humanité du parquet antiterroriste (Pnat) contre l’Émirati Ahmed Nasser Al-Raisi, nouveau président d’Interpol qui se trouverait actuellement en France, a appris l’AFP de source proche du dossier.
M. Al-Raisi, élu fin novembre à la tête de l’organisation internationale de coopération policière, avait déjà été visé par deux plaintes mais celles-ci avaient été classées par le Pnat pour absence de compétence: l’intéressé ne résidait pas en France et ne se trouvait pas non plus sur le sol français.
L’une de ces deux plaintes avait été déposée le 7 juin par l’ONG Gulf Centre for Human rights (GCHR). Elle présentait l’opposant Ahmed Mansoor comme détenu à Abu Dhabi «dans des conditions moyenâgeuses constitutives d’actes de tortures».
«Sur le sol français»
C’est cette organisation qui a de nouveau déposé mardi une plainte simple, consultée par l’AFP, contre M. Al-Raisi. Tweets de ce dernier à l’appui, l’ONG explique qu’il «se trouve sur le sol français» actuellement, à Lyon où se trouve le siège d’Interpol, ce qui suffirait à rendre la justice française compétente.
L’ONG exclut d’emblée son éventuelle immunité liée à sa fonction car le général émirati exercerait toujours également des fonctions policières à Abu Dhabi où Ahmed Mansoor serait toujours détenu dans des conditions toujours constitutives de «torture», selon les plaignants.
M. Al-Raisi serait donc, selon l’ONG plaignante, l’un des responsables actuels de ces tortures, un motif d’exception à l’immunité diplomatique dont il bénéficie selon l’accord de 2008 régissant les relations entre la France et Interpol, organisation dont elle accueille le siège. «Faire procéder à son interpellation immédiatement est une obligation impérative de la France aux termes des conventions internationales qu’elle a signées», déclare Me William Bourdon, avocat de l’ONG.
Faire procéder à son interpellation immédiatement est une obligation impérative de la France aux termes des conventions internationales qu’elle a signées.
L’autre plainte avait été déposée début octobre par Rodney Dixon, l’avocat de deux plaignants britanniques, Matthew Hedges et Ali Issa Ahmad, qui ont rapporté en octobre à Lyon des faits de détention arbitraire ou de torture en 2018 et 2019.
L’élection d’Al-Raisi, à Istanbul le 25 novembre, s’était faite au grand dam des défenseurs des droits humains et de responsables politiques qui estimaient qu’elle portait atteinte à la mission de l’organisation. La fonction de président est essentiellement honorifique, le vrai patron de l’organisation étant son secrétaire général.