Seconde Guerre mondiale - La gourmette d’un soldat britannique exécuté en Alsace rendue à sa famille

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Seconde Guerre mondialeLa gourmette d’un soldat britannique exécuté en Alsace rendue à sa famille

Frederick Habgood a été exécuté par les nazis en juillet 1944. Mais ce n’est que ce dimanche que son bracelet, retrouvé par hasard, a été remis à son neveu.

«Enfin, nous ramenons Fred à la maison»: près de 80 ans après sa disparition, la famille de Frederick Habgood s’est vu remettre la gourmette de l’aviateur britannique, retrouvée en 2018 au Struthof, l’unique camp de concentration nazi construit en France, où il a été pendu.

Venu du Royaume-Uni avec trois membres de sa famille, Paul Habgood, 63 ans, neveu du sergent navigateur mort à 21 ans, avait été convié, dimanche, à la Cérémonie du souvenir annuelle du camp, édifié en 1941 en Alsace, alors annexée par le Reich hitlérien.

Découverte dans la fosse aux cendres

Ovale, frappée des insignes de la Royal Air Force britannique et portant le nom et le matricule du sergent, cette gourmette n’était pas une médaille réglementaire, mais lui avait été remise en 1943 par des proches au Canada, où il s'«était formé en tant que navigateur», a raconté Paul Habgood.

Pour les autorités britanniques, «oncle Fred» était porté disparu, son corps n’ayant jamais été retrouvé. Mais en août 2018, la gourmette a été découverte par hasard dans la fosse aux cendres du camp, lors de travaux d’entretien.

«Nous ne ferons jamais le cadeau de l’oubli aux bourreaux et à ceux qui, aujourd’hui encore, nient ou minimisent leurs crimes.»

Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État déléguée auprès de la ministre des Armées

C’est Anna Bernard, étudiante de 21 ans alors vacataire sur le site, qui l’a exhumée en voulant récupérer un tuyau d’arrosage tombé dans la fosse. «J’ai vu un petit bout de chaîne qui dépassait, j’ai tiré et je me suis retrouvée avec le bracelet dans la main», explique-t-elle à l’AFP. «Je me suis dit, ‘ça, c’est pas rien, il y a le nom, le matricule dessus’…»

Pendu le 31 juillet 1944

Né en 1922 à Londres, Frederick Habgood avait en fait survécu au crash de son avion, abattu le 28 juillet 1943 vers Ottrott, près du Struthof. Son appareil faisait partie d’une centaine de bombardiers partis d’Angleterre pour pilonner les usines Bosch de Stuttgart, a expliqué Guillaume d’Andlau, directeur du Centre européen du résistant déporté - Struthof, qui accueille 200’000 visiteurs par an.

Frederick s’est caché pendant quelques jours mais, peut-être dénoncé, il a été capturé par la Gestapo, puis emprisonné au Struthof, où il fut pendu le 31 juillet 1944. La découverte de sa plaque dans la fosse aux cendres «apporte la preuve qu’il a bien été incinéré dans le crématoire du camp», selon Guillaume d’Andlau.

«Bon retour chez lui»

«Au nom de la France, je souhaite au sergent Habgood un bon retour chez lui», a déclaré la secrétaire d’État déléguée auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, en remettant la gourmette aux proches du sergent. «Nous ne ferons jamais le cadeau de l’oubli aux bourreaux» et à ceux «qui, aujourd’hui encore, nient ou minimisent leurs crimes», a-t-elle poursuivi.

Le Struthof était le camp central d’un réseau d’une cinquantaine de camps annexes, où 50’000 personnes furent déportées, parmi lesquelles près de 20’000 trouvèrent la mort, ce qui en fait l’un des plus meurtriers du système nazi, hormis les camps d’extermination. Il abritait également une chambre à gaz, où 86 Juifs furent tués.

Version originale publiée sur 20min.ch

(AFP)

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