RéfugiésPlus de 300 Rohingyas ont débarqué sur les côtes d’Indonésie
Après avoir fui Birmanie et Bangladesh, deux groupes de cette minorité musulmane persécutée ont atteint la province indonésienne d’Aceh. Où les conditions d’accueil ne sont pas faciles.
Plus de 300 réfugiés rohingyas se trouvent bloqués, dimanche, sur les côtes de l’ouest de l’Indonésie, où ils ont débarqué dans la nuit, alors que l’archipel fait face depuis novembre au plus grand afflux de ces réfugiés depuis 2015.
Un premier groupe de 180 Rohingyas, composé essentiellement de femmes et d’enfants, a débarqué vers 3h du matin dans la région de Pidie, dans la province d’Aceh. Un autre bateau transportant 135 personnes, en mer depuis plus d’un mois, est arrivé quelques heures plus tard sur une côte voisine d’Aceh Besar, dans la même province située à l’extrémité occidentale de l’Indonésie, à environ 2000 km du Bangladesh.
Ils ont aussi fui le Bangladesh
Depuis la mi-novembre, plus de 1000 membres de cette minorité musulmane persécutée en Birmanie ont fui leurs camps au Bangladesh pour gagner la province d’Aceh par la mer, soit le plus important mouvement de migration de Rohingyas vers l’Indonésie depuis 2015, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
«Nous sommes en mer depuis presque un mois et 15 jours. Nous sommes partis le 1er novembre», a déclaré Muhammad Shohibul Islam, 24 ans, l’un des exilés.
Les réfugiés se sont rassemblés dans une plantation près du rivage, où des habitants leur ont donné de l’eau. Certains étaient allongés à même le sol, essayant de se reposer après ce voyage long et périlleux.
Des cartes de réfugiés
La police a trouvé des cartes de réfugiés des Nations unies dans un carton transporté par les Rohingyas. «Nous avons remarqué que certains de ces réfugiés possèdent des cartes de réfugié. Alors, laissons-les d’abord être de nouveau enregistrés par le HCR et l’Organisation internationale pour les migrations avant d’agir davantage», a déclaré le chef de la police locale, Rolly Yuiza Away.
À Pidie, les autorités ont bloqué les réfugiés sur la plage où ils ont débarqué, avec des mères berçant dans leurs bras leurs enfants. «Ils vont rester là où ils ont débarqué. Cette fois, le gouvernement ne prendra en charge aucune dépense», a déclaré Muslim, le chef de l’Agence sociale de Pidie, qui, comme beaucoup d’Indonésiens, ne porte qu’un nom.
Le président soupçonne un trafic d’êtres humains
L’Indonésie fait face à de grandes difficultés pour les accueillir. Contrairement aux précédentes arrivées, les autorités locales ont déclaré qu’elles ne prendraient pas la responsabilité de fournir des tentes aux réfugiés ou de répondre à tout autre besoin, a-t-il ajouté, précisant qu’il ne restait «plus de place» d’hébergement d’urgence.
Vendredi, le président indonésien Joko Widodo a déclaré que son gouvernement soupçonnait un réseau de trafic d’êtres humains d’être à l’origine de cet afflux massif de réfugiés. L’Indonésie, qui n’est pas signataire de la Convention des Nations unies sur les réfugiés, affirme qu’elle n’est pas obligée de les accueillir.
Habitants hostiles
De nombreux habitants d’Aceh ont longtemps été sensibles au sort de cette minorité musulmane. Mais certains montrent désormais de l’hostilité à leur égard, menaçant de les renvoyer à la mer. Mercredi, des heurts ont opposé plus d’une centaine d’habitants à la police, lors d’une manifestation réclamant le déplacement de réfugiés arrivés par bateau, la semaine dernière, sur l’île de Sabang.
«Nous continuons d’expliquer la situation aux habitants et nous veillons à ce qu’ils n’aient pas à assumer la charge de gérer ces réfugiés», a déclaré Faisal Rahman, qui collabore avec le HCR. Il a reconnu que les centres d’hébergement étaient en surcapacité, mais a déclaré que «le gouvernement s’efforce de fournir des abris, car le nombre de réfugiés arrivant est très élevé».