Hockey sur glaceTu dois bien te marrer là-haut, Samu
Un de nos journalistes a bien connu le joueur et l’entraîneur Morgan Samuelsson, décédé dimanche à 55 ans. Il lui rend hommage.
- par
- Emmanuel Favre
Tu dois bien te marrer, là-haut. Parce que, sur la glace et derrière un banc, tu as toujours aimé nous prendre par surprise.
Mais ta dernière pirouette, toi l’ancien joueur des ZSC Lions et entraîneur en chef de Sierre et de Rapperswil dont le cœur était devenu fragile, n’est pas absolument pas drôle. Les yeux embués, voilà plusieurs heures que je pense à ces bouts de temps pas si anecdotiques, vécus à tes côtés, qui rappellent que tu n’étais pas une personne conventionnelle.
Comme ce soir d’avril 2001, où deux heures avant l’acte VII de la finale de LNA contre Lugano, je te croise dans les couloirs de la Resega. Tu m’expliques que tu ne joues pas, que tu es surnuméraire, que l’entraîneur des ZSC Lions a préféré aligner le Québécois Patrick Lebeau. Du coup, on avait commandé une pizza, fait tchin tchin avec notre verre de rouge lorsqu’un préposé à l’équipement t’avait fait signe de courir aux vestiaires. Un de tes coéquipiers était confronté à un problème de matériel, tu étais redevenu «numéraire» et tu avais marqué le but de la victoire - et du titre - dans la prolongation.
Comme ce matin de 2004 ou de 2005, je ne sais plus très bien, où, après un entraînement matinal à la patinoire de Graben, à Sierre, tu me glisses que tu vas surprendre le monde du hockey en soirée. Effectivement, quelques heures plus tard, tu bousilles les repères de ton adversaire en avantage numérique. Quand ton escouade se retrouve à quatre contre cinq, tu plantes un de tes gars à l’entrée de la zone défensive de l’autre équipe, tu déstabilises l’organisation de ton contradicteur et tu mènes ton club à la victoire.
Comme ces fois où, parce que tu aimais la vie et les gens, que tu adorais parler de hockey, tu avais décrété que «la dernière, on l’avait toujours bue».
Eh bien, cette fois, Samu, la dernière, on la trinquera à ta santé, le cœur serré.