Hockey sur glace - Alors ce HC Ajoie, ça tient vraiment la route?

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Hockey sur glaceAlors ce HC Ajoie, ça tient vraiment la route?

Le néo-promu en National League a livré son premier test de la saison contre une formation de l’élite. Le HCA s’est incliné de peu contre FR Gottéron vendredi (4-3). Voici ce qui cloche pour l’instant et les raisons d’espérer.

Cyrill Pasche Fribourg
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Cyrill Pasche Fribourg
Le HC Ajoie a livré un premier test contre une formation de l’élite. Les Jurassiens ont souffert, mais ils s’en sont finalement bien sortis.

Le HC Ajoie a livré un premier test contre une formation de l’élite. Les Jurassiens ont souffert, mais ils s’en sont finalement bien sortis.

Urs Lindt/freshfocus

«On sera meilleurs que cela pendant le championnat». Gary Sheehan, coach à succès du HC Ajoie, est appuyé contre un mur à la sortie des vestiaires de la BCF Arena de Fribourg, quelques instants après la défaite contre les Dragons de Christian Dubé.

L’entraîneur du HCA n’est pas dupe: le score – 4-3 en faveur de Gottéron (but gagnant marqué à la 60e) – est extrêmement flatteur pour son équipe, malmenée durant presque toute la soirée par une formation bien plus talentueuse et surtout mieux rodée.

La bonne nouvelle: le HC Ajoie, pourtant largement dominé durant les deux premiers tiers, a finalement tenu bon et n’a de loin pas été ridicule. Reste désormais à savoir ce que vaut vraiment ce néo-promu, et quels seront les priorités pour être compétitifs en championnat dans un peu plus de trois semaines (premier match le 7 septembre à Porrentruy contre le HC Bienne).

Voici ce qui coince encore chez les Ajoulots et ce qui laisse entrevoir quelques belles soirées de hockey cet hiver du côté de Porrentruy:

La différence de rythme est frappante

Vincent Léchenne et Gary Sheehan ont facilement identifié le principal problème à ce stade: la différence de rythme.

Vincent Léchenne et Gary Sheehan ont facilement identifié le principal problème à ce stade: la différence de rythme.

Urs Lindt/freshfocus

Tout le monde sans exception était d’accord sur un point dans le camp ajoulot: la différence de rythme entre FR Gottéron et le néo-promu a été flagrante. «Nous avons perdu beaucoup de pucks parce que nous n’avions pas suffisamment de temps lorsque nous avions la possession, souligne Matthias Joggi, le routinier de 35 ans au passé de LNA (Bienne, Davos, Langnau). Nous devons maintenant apprendre à jouer beaucoup plus vite. Cela prendra du temps, mais il s’agit d’un point que l’on peut corriger.»

Pour Gary Sheehan, ses joueurs doivent se débarrasser des vieilles habitudes de Swiss League et prendre en compte que leur temps de réaction sur la glace devra considérablement diminuer d’ici au championnat. «Cela se travaille à l’entraînement, mais surtout en enchaînant les matches face à des équipes qui ont un rythme beaucoup plus élevé», note Gary Sheehan. «Au niveau de l’exécution, nous devrons être beaucoup plus rapide.» Il faudra sans doute attendre une bonne dizaine de matches de championnat jusqu’à ce que la majeure partie du groupe ajoulot se soit plus ou moins mis à niveau.

Un gros déficit sur le plan physique

«Là, on a vraiment senti la différence de niveau»

Gary Sheehan

Physiquement, les Jurassiens se sont faits «bouger» par FR Gottéron, qui n’est pourtant pas une équipe particulièrement rugueuse ou physique. «Là, on a vraiment senti la différence de niveau. Comme deux équipes de ligues différentes», a concédé Gary Sheehan. Même observation pour son assistant et directeur sportif, Vincent Léchenne. «De ce côté là, on aura du boulot, a soupiré l’ancien attaquant de LNA. Il faudra vraiment faire quelque chose pour nous mettre à niveau au plus vite. Contre Fribourg, nous avons beaucoup trop cherché les duels à un contre un. Résultat, nous avons presque à chaque fois perdu le puck en raison de notre déficit physique.» Pour le combler, les Jurassiens devront se montrer un peu plus malins: comme au troisième tiers à Fribourg (remporté 1-3), lorsqu’ils ont opté pour des pucks en profondeur derrière la cage fribourgeoise et misé sur leur patinage. Bien plus efficace et surtout mieux adapté à leurs qualités.

Les étrangers dans le même bloc? Sympa… mais contre-productif

Au moins Gary Sheehan a un certain panache: pour le deuxième match consécutif, le coach du HCA a placé ses quatre renforts québécois dans le même bloc. Jérôme Leduc à l’arrière (avec le Jurassien Bastien Pouilly), Jonathan Hazen, Philip-Michaël Devos et Guillaume Asselin à l’avant. Si ces quatre hommes ont cartonné quelques jours plus tôt contre le néo-promu de la DEL allemande, Bietigheim (7 points personnels pour les quatre Québécois lors de cette victoire 4-1), cette formule ambitieuse a montré ses limites contre une équipe beaucoup plus compétitive. Contre Fribourg, seul Hazen (un but) a inscrit son nom au tableau des compteurs.

Sheehan a corrigé le tir et réparti ses forces en troisième période: Devos a piloté une ligne avec Asselin et Huber tandis que Hazen a pris place aux côtés de Frossard et Joggi. Pendant le championnat, Sheehan ne pourra sans doute pas se permettre de placer tous ses pions dans le même bloc au risque de déséquilibrer considérablement son line-up.

Hazen/Devos, ça va aussi cartonner dans l’élite?

Le duo magique Jonathan Hazen et Philip-Michael Devos (avec le casque de tospscorer) n’auront plus autant d’espaces et de temps qu’en Swiss League.

Le duo magique Jonathan Hazen et Philip-Michael Devos (avec le casque de tospscorer) n’auront plus autant d’espaces et de temps qu’en Swiss League.

freshfocus

Les deux Québécois n’ont pas vraiment pu s’exprimer lors de ce premier test contre une équipe de l’élite. Il a fallu patienter jusqu’à la 30e minute pour qu’ils se créent enfin une action offensive digne de ce nom: un décalage (génial) de Devos a mis Hazen en position idéale. L’ailier s’est ratrappé en troisième période, en marquant un but de renard juste après l’engagement qui a suivi le premier but ajoulot tombé sept secondes plus tôt. Premier constat: Devos risque d’être le plus pénalisé des deux au niveau supérieur en raison de son coup de patin pas assez trachant. Mais le playmaker du HCA compensera ce déficit avec sa vision du jeu intacte, notamment en powerplay. Quant à Hazen, il pourrait bien faire partie des meilleurs buteurs de la ligue malgré tout grâce à sa vitesse et son explosivité. Reste que pour ce premier test, le duo magique du HCA n’a pas vraiment brillé. Le temps plaide toutefois en leur faveur et leur incroyable esprit compétiteur leur permettra certainement de continuer à renverser des montagnes dans l’élite.

Tant qu’il y aura des powerplay

Pour les Ajoulots, le salut viendra certainement de la qualité de leur jeu de puissance. Lors de leurs épopées en Coupe de Suisse, les Jurassiens avaient fait du powerplay une arme quasi inarrêtable, même pour les formations de l’élite. Avec Hazen et Devos à la baguette, le jeu de puissance du HCA permettra certainement de grapiller de précieux points pendant l’hiver. Mais dans une ligue où les Jurassiens seront beaucoup moins en possession du puck que par le passé en Swiss League, la difficulté sera, justement, de provoquer des fautes adverses pour ensuite capitaliser grâce aux unités spéciales. Ne soyons toutefois pas surpris si les Jurassiens présentent cet hiver l’un des meilleurs et plus efficaces powerplay de National League.

Manque de «stars» et de profondeur

Martin Ness, les deux Québécois Jérôme Leduc et Guillaume Asselin, Matteo Romanenghi, Lou Bogdanoff et Dario Rohrbach sont les nouveaux joueurs du HCA. Un recrutement qui n’est pas hyper sexy.

Martin Ness, les deux Québécois Jérôme Leduc et Guillaume Asselin, Matteo Romanenghi, Lou Bogdanoff et Dario Rohrbach sont les nouveaux joueurs du HCA. Un recrutement qui n’est pas hyper sexy.

Urs Lindt/freshfocus

Il n’y a pas de Killian Mottet ou de Raphael Diaz au HC Ajoie…

Il n’y a pas de Killian Mottet, de David Desharnais, de Chris DiDomenico et encore moins de Raphael Diaz dans les rangs ajoulots. Le HCA manque d’individualités, de joueurs capables de faire la différence au talent. Le joueur suisse le plus prometteur et talentueux du club jurassien est Thibaud Frossard, mais pour le reste, le contingent suisse est plutôt modeste en termes de talent technique et individuel. Les nouveaux joueurs sont là pour montrer qu’ils peuvent aspirer à un meilleur rôle que ce qu’ils ont connu dans leurs clubs précédents, mais aucun d’entre eux n’est un véritable renfort à ce niveau de la compétition.

Le défenseur Jérôme Leduc doit s’adapter aux exigences de la meilleure ligue de Suisse. Le HCA sera-t-il tenté, ou obligé, d’enrôler un deuxième défenseur étranger pour solidifier son arrière-garde?

Le défenseur Jérôme Leduc doit s’adapter aux exigences de la meilleure ligue de Suisse. Le HCA sera-t-il tenté, ou obligé, d’enrôler un deuxième défenseur étranger pour solidifier son arrière-garde?

Urs Lindt/freshfocus

Le HCA risque bien de devoir ajouter davantage de poids et de routine à sa défense en enrôlant un arrière étranger supplémentaire.

C’est surtout en défense que le HCA, avec seulement six routiniers, risque d’être trop court, surtout si d’éventuelles blessures viennent perturber le parcours des Jurassiens. Gary Sheehan souhaiterait d’ailleurs ajouter un à deux défenseurs de bon calibre à son effectif. Oui, mais qui? La solution alternative: sonder le marché et tenter d’enrôler un deuxième défenseur étranger pour épauler le Québécois Jérôme Leduc. Cet hiver, le HCA risque bien de devoir ajouter davantage de poids et de routine à sa défense en enrôlant un défenseur importé supplémentaire – un profil très défensif – si une occasion se présente.

Un gardien qui va tenir la route mais qui aura besoin d’aide

Tim Wolf, le gardien du HCA, aura du boulot cette saison.

Tim Wolf, le gardien du HCA, aura du boulot cette saison.

Urs Lindt/freshfocus

Le HCA veut étoffer la position de gardien (le nom de Robert Mayer a circulé) en vue du championnat. Le titulaire actuel, Tim Wolf, a réalisé des miracles devant les buts jurassiens lors des parcours victorieux en Coupe de Suisse. Contre Fribourg, il a globalement été solide avant de se «trouer» sur un tir anodin du défenseur Benoît Jecker (3-0). Agé de 29 ans, Tim Wolf est un gardien expérimenté qui a déjà évolué au plus haut niveau par le passé (ZSC Lions, Ambri, Rapperswil). Le HCA peut aborder la saison l’esprit serein avec Wolf devant les filets, mais la charge de travail rique d’être conséquente pour le Zurichois si le club jurassien ne trouve pas rapidement un gardien de qualité pour l’épauler.

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