Ski alpinBeaucoup d’attente pour peu de ski à Cervinia
Les épreuves sont annulées, encore et encore. Récit de l’autre côté du Cervin, là où l’italien se mélange à l’allemand.
- par
- Rebecca Garcia Cervinia
Les premières nouvelles arrivent généralement vers 6 h du matin. Une personne de la Fédération internationale de ski (FIS) tient les journalistes informés de la tenue (ou non) de la course sur un canal Telegram. D’abord, un message arrive pour dire que le programme est reporté à cause des vents violents. Ensuite, un bruyant silence s’installe. Enfin, le couperet tombe. Samedi, la descente de Coupe du monde de Zermatt/Cervinia a été annulée à 10 h 13. Dimanche, un scénario similaire s’est répété sauf que l’attente s’est prolongée jusqu’à 11 h 40.
La journée a été particulièrement longue pour les spectateurs. Les organisateurs ont attendu la dernière minute pour annoncer l’inéluctable. En traînant dans la rue principale de Cervinia dans la matinée, le vent fouettait déjà les fanions aux couleurs du Matterhorn Cervino Speed Opening. Selon Franz Julen, le président du comité d’organisation, les cheveux étaient moins ébourrifés quelques centaines de mètres plus haut. Alors l’idée de maintenir la descente s’est inscrite dans toutes les têtes, et il a fallu du temps pour la déloger.
Même les journalistes, ces éternels pessimistes, se demandaient s’il fallait publier les articles décrivant la piste. À quoi bon relater les propos d’une Lara Gut-Behrami, d’une Corinne Suter ou d’une Michelle Gisin pour une vérité qui sera brisée à peine une ou deux heures plus tard?
Tout le monde a donc gagné les hauteurs, et ce même si les prévisions n’étaient pas franchement optimistes. Ce serait quand même dommage de rater la seule épreuve qui peut se tenir ici depuis deux semaines.
Il fallait attendre
Le moment de flottement a traîné en longueur. Il y a eu des instants lunaires pendant lesquels la FIS repoussait sans cesse le potentiel départ pendant que les animateurs enchaînaient les dance cams et autres jeux avec les personnes qui ont fait le déplacement.
Ceux qui terminaient l’inspection de la piste n’osaient pas vraiment dire que la course n’aurait pas lieu. Leur visage ne trompait pourtant pas: la situation n’était pas bonne. Mais il fallait attendre. Peut-être que sur un malentendu, le départ pourrait être donné. Les quelques montagnards croisés çà et là parlaient plutôt de miracle.
Il n’y en a pas eu. Les spectateurs ont quand même pu voir de près les athlètes. Certaines, comme Michelle Gisin, ont pris le temps de s’arrêter avant de redescendre en plaine. Les cris des passionnés ont retenti à l’arrivée de Sofia Goggia aux abords des remontées mécaniques. La «Goggia Nazionale» valait-elle l’attente?
Après l’économie, le politique
L’annulation de la course de samedi a provoqué une conférence de presse extraordinaire. Cette estrade a permis aux organisateurs d’expliquer les sentiments qu’ils ressentent. L’émotion s’est mêlée à l’incompréhension. Par Toutatis, le ciel leur tombe sur la tête! Les courses de Zermatt/Cervinia souffriraient de malchance. Le comité d’organisation en reste presque sonné. Heureusement, il peut compter sur ses amis. Des personnes sont venues de Val Gardena pour apporter leur expertise à l’événement. Elles en ont profité pour lancer leur campagne électorale en vue des Championnats du monde de ski alpin, en 2029.
L’événement a pris des allures politiques. D’ailleurs, la présence du comité de Val Gardena avait déjà constitué une raison pour organiser un apéro à la Casa Dello Sport, le fief des journalistes et bénévoles. Les spectateurs qui se sont déplacés dans la station pour assister au tirage au sort des dossards ont choisi la même activité. Il n’aura jamais vraiment été question de sport à Zermatt comme à Cervinia, et c’est bien dommage.