Russie: L’état de santé de l’opposant russe Kara-Mourza inquiète son épouse

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RussieL’état de santé de l’opposant russe Kara-Mourza inquiète son épouse

L’épouse de Vladimir Kara-Mourza a fait part de sa profonde inquiétude pour l’état de santé de l’opposant russe, victime d’un «acte de vengeance cynique» du Kremlin.

Evgenia Kara-Mourza avec son mari Vladimir.

Evgenia Kara-Mourza avec son mari Vladimir.

AFP

«Je suis évidemment inquiète», a déclaré Evgenia Kara-Mourza dans une interview à l’AFP, «sa santé est défaillante».

Son mari avait de graves problèmes de santé avant même d’être détenu, souffrant d’une maladie nerveuse appelée polyneuropathie qui, selon elle, est due à deux tentatives d’empoisonnement en 2015 et 2017. Evgenia Kara-Mourza est persuadée que la condamnation de son mari à 25 ans de prison mi-avril, ne fera qu’aggraver encore la situation.

Vladimir Kara-Mourza, 41 ans, a fait appel de sa lourde condamnation pour trahison mais sa femme s’attend «bien sûr» à ce qu’il soit rejeté. Et même si l’état de santé de son mari devrait normalement l’exempter d’une incarcération, «les autorités russes ne sont pas gênées par cela».

Destiné à tuer

S’adressant à l’AFP en marge du Sommet de Genève pour les droits de l’homme et la démocratie, Evgenia Kara-Mourza dénonce «une pure et cynique vengeance du gouvernement russe».  «Le régime voit clairement mon mari comme son ennemi personnel», affirme-t-elle, se référant aux deux empoisonnements qui étaient destinés à «tuer, pas à menacer».

Malgré les dangers, son mari n’a pas hésité à retourner en Russie et elle affirme avoir soutenu sa décision. «Bien sûr, ça me fait peur pour sa vie», a-t-elle dit, ses yeux sombres se remplissant de larmes, soulignant que «Vladimir et moi construisions soigneusement notre petit monde depuis des années, nos enfants, notre famille».

«Mais je sais pourquoi il se bat», a-t-elle dit, saluant le fait qu’«à travers tous ces risques, à travers toutes les attaques», il est resté «fidèle à lui-même». «Si je l’acceptais tel qu’il est il y a plus de vingt ans, ce serait assez hypocrite de ma part de lui demander de changer maintenant. Ce ne serait pas Vladimir. La seule option pour moi est de rester à ses côtés, de me battre avec lui et de me battre pour lui.»

Fissures

Elle reconnaît que la situation est «atrocement douloureuse» pour les trois enfants du couple, mais Vladimir Kara-Mourza «parvient d’une manière ou d’une autre à continuer d’être un bon père pour eux, même derrière les barreaux. Il leur enseigne une leçon très précieuse: qu’ils doivent affronter ceux qui les persécutent avec courage, qu’ils ne doivent jamais abandonner sans se battre, qu’ils doivent accepter les risques, les reconnaître et continuer à se battre.»

Lorsqu’on lui a demandé si elle pensait que d’autres oseraient suivre son exemple, elle a rappelé que «20’000 personnes sont détenues arbitrairement» depuis que la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine l’année dernière.

Que tant de gens aient osé protester à un moment où «le régime utilise tout l’arsenal de techniques répressives à la soviétique contre les manifestants antiguerre» signifie qu’«il y a probablement des millions de personnes qui sont contre le régime, mais qui ont peur prendre la parole».

À l’ère soviétique, «les manifestations de masse ne sont devenues possibles que lorsque le régime a commencé à se fissurer», a-t-elle souligné, exprimant sa confiance que «cela arrivera… lorsque le régime de Poutine commencera à montrer des fissures».

Quant à savoir quand cela pourrait se produire, elle a suggéré qu’une victoire nette de l’Ukraine après «plus de deux décennies d’impunité du régime de Vladimir Poutine… va enfin envoyer un signal au Kremlin qu’il ne s’en tirera plus en commettant de tels crimes».

(AFP)

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