Espagne – L’ex-trésorier du grand parti de droite condamné pour avoir utilisé une caisse noire

L’ancien trésorier du Parti Populaire (PP) a été condamné, jeudi, à deux ans de prison à l’issue d’un procès ayant confirmé le caractère illicite du financement de cette formation de droite espagnole, actuellement dans l’opposition. Luis Barcenas, déjà en prison, a été déclaré coupable de «faux en écriture comptable», pour avoir versé plus d’un million d’euros d’argent non déclaré à l’entreprise chargée de la rénovation du siège national de la formation, à Madrid.

«Exclu de la comptabilité officielle» du PP «et non déclaré au fisc», cet argent était issu, selon la sentence, de la caisse noire de cette formation, au pouvoir de 1996 à 2004 et de 2011 à 2018, alimentée par des dons de chefs d’entreprise. En plus de la peine de prison, Luis Barcenas a été condamné à une amende de 1,2 million d’euros (1,28 million de francs suisses) à l’issue de ce procès dit de la «caisse B» du PP. Ce parti a été déclaré «responsable secondaire» dans cette affaire de corruption.

Très embarrassant pour le PP, aujourd’hui principale formation d’opposition, ce procès s’était ouvert début février. Luis Barcenas y avait affirmé que la caisse noire de la formation avait notamment servi à verser des primes à certains dirigeants et collaborateurs.

L’ancien trésorier, qui avait pour habitude de tenir cette comptabilité parallèle scrupuleusement sur des papiers, avait assuré avoir remis des enveloppes remplies d’argent à huit personnes, occupant à l’époque des postes importants au sein du PP ou des portefeuilles ministériels sous les gouvernements de José María Aznar (1996-2004) et Mariano Rajoy (2011-2018). Entendus fin mars, les deux anciens Premiers ministres ont catégoriquement nié l’existence d’une comptabilité parallèle au sein de leur formation.

Luis Barcenas purge déjà une peine de 29 ans de prison depuis sa condamnation, en 2018, dans le cadre d’un mégaprocès pour corruption baptisé «Gürtel», dont le procès de la «caisse B» découlait. La condamnation du PP et de plusieurs de ses cadres en 2018, dans l’affaire Gürtel, avait entraîné un séisme politique en Espagne et le renversement, quelques jours plus tard, de Mariano Rajoy après une motion de censure déposée par l’actuel Premier ministre, le socialiste Pedro Sánchez.

L’actuel président du PP, Pablo Casado, tente de prendre ses distances avec ces scandales.