Le vol spatial peut modifier l’ADN des astronautes

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MédecineLe vol spatial peut modifier l’ADN des astronautes

Une nouvelle étude montre que le sang dans l’espace peut subir des mutations augmentant le risque de développer un cancer ou une maladie cardiaque.

Michel Pralong
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Michel Pralong
Le rayonnement spatial est le principal facteur pouvant entraîner des mutations somatiques.

Le rayonnement spatial est le principal facteur pouvant entraîner des mutations somatiques.

NASA

Une nouvelle étude s’est penchée sur le sang de 14 astronautes qui ont participé à des vols en navette spatiale entre 1998 et 2001. Ces prélèvements avaient été congelés à -80 °C et n’avaient pas été touchés depuis. Mais «compte tenu de l’intérêt croissant pour les vols spatiaux commerciaux et l’exploration de l’espace lointain, et des risques potentiels pour la santé liés à l’exposition à divers facteurs nocifs associés à des missions spatiales d’exploration répétées ou de longue durée, comme un voyage vers Mars, nous avons décidé d’explorer, rétrospectivement, de possibles mutations somatiques», a expliqué David Goukassian, professeur de cardiologie au Cardiovascular Research Institute à Icahn Mount Sinai à New York.

85 des astronautes qui ont donné leur sang étaient des hommes, six en étaient à leur première mission et la moyenne de leur séjour dans l’espace était de 12 jours, explique le «Daily Mail». Les prises de sang ont été effectuées 10 jours avant le vol et le jour du retour sur Terre. Un prélèvement de globules blancs a également été effectué trois jours après l’atterrissage.

Mutations non héréditaires

«Les astronautes travaillent dans un environnement extrême où de nombreux facteurs peuvent entraîner des mutations somatiques, le rayonnement spatial étant le plus important. Ce qui signifie qu’il existe un risque que ces mutations se transforment en hématopoïèse clonale», a déclaré David Goukassian, auteur principal de l’étude. Il s’agit d’un processus caractérisé par la surreprésentation de cellules sanguines issues d’un seul clone. Ces mutations se produisent dans des cellules autres que les spermatozoïdes et les ovules et ne peuvent donc pas se transmettre entre générations.

Les mutations observées dans l’ADN des astronautes se sont produites le plus dans TP3, un gène qui produit une protéine supprimant les tumeurs et DNMT3A, gène qui mute lors de leucémie myéloïde aiguë. Ces mutations étaient certes élevées pour l’âge des astronautes, mais restaient toutefois inférieures au seuil considéré comme préoccupant.

«La présence de ces mutations ne signifie pas nécessairement que les astronautes développeront une maladie cardiovasculaire ou un cancer, mais il existe un risque qu’au fil du temps, cela se produise en raison d’une exposition continue et prolongée à l’environnement extrême de l’espace lointain», a expliqué David Goukassian.

Examiner régulièrement les astronautes

Les auteurs de l’étude recommandent donc à la NASA examinent les mutations somatiques chez ses astronautes tous les 3 à 5 ans et lors de leur retraite, l’âge étant un facteur aggravant pour le développement de ces mutations. «Cela nous permettra de faire des prédictions éclairées sur les individus les plus susceptibles de développer une maladie en fonction des phénomènes que nous observons et d’ouvrir la porte à des approches de médecine de précision individualisées pour une intervention et une prévention précoces».

Une autre étude, parue il y a deux mois a montré que les os porteurs de poids ne sont que partiellement rétablis un an après le vol spatial. La perte osseuse permanente due aux vols spatiaux correspond à dix ans de perte osseuse sur Terre.

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