FootballComment les clubs latins se positionneront-ils sur les play-off?
Venue de la Suisse alémanique, la fronde contre le nouveau mode de la Super League n’a pour l’instant pas franchi la Sarine. Mais il reste du temps jusqu’au vote du 11 novembre.
- par
- Valentin Schnorhk
Les coups de fil ne fusent peut-être pas encore. Mais à ce stade-là, lorsqu’ils sont lancés, ils n’ont rien d’anodin. À une grosse quinzaine de jours de la prochaine Assemblée générale de la Swiss Football League (elle aura lieu le 11 novembre), les clubs de Super League et de Challenge League sont à peu près conscients qu’il faudra repartir au front. Une nouvelle fois.
Moins de six mois après avoir adopté à 16 voix contre 4 les play-off, les débats sont relancés sous l’impulsion du FC Zurich, suivi de près par Young Boys, Lucerne et Saint-Gall. Quatre clubs qui plaident pour le modèle écossais (trois tours, puis un quatrième où les équipes seraient séparées en deux) et qui tenteront de convaincre au moins sept autres membres pour parvenir à la majorité simple nécessaire pour le changement de formule.
Les clubs latins seront forcément approchés. Ils sont huit: Servette, Sion, Lausanne, Stade-Lausanne, Yverdon, Neuchâtel Xamax, Lugano et Bellinzone. Ils avaient tous approuvé le passage aux play-off au printemps (sauf Bellinzone, alors en Promotion League). Et maintenant? Ils se réuniront la semaine prochaine pour en discuter. Mais le statu quo est probable. Peut-être par une forme de refus du «diktat» alémanique. Aussi par conviction, autant que par respect du processus démocratique. «C’est une question de cohérence», clame Marco Degennaro, directeur général d’Yverdon-Sport.
Pas d’alternative au printemps
«Il y a eu une votation, à large majorité, poursuit celui qui est également membre du Comité exécutif de la SFL. Je ne suis pas pour revenir en arrière. Par contre, j’accepte l’idée de dire que l’on essaie et si cela ne va pas, alors on peut revenir en arrière. Là, tout le travail que l’on avait fait est remis en question.» L’avis du patron du club nord-vaudois est partagé par son homologue tessinois Michele Campana, également présent au Comité exécutif: «Nous avons eu le courage de passer à douze clubs et les play-off étaient alors considérés comme intéressants et révolutionnaires par toutes les parties prenantes. La majorité était claire.»
C’est l’attractivité du projet et le besoin de redonner de l’intérêt au football suisse qui motive les clubs latins. Ils y croient. Les play-off doivent redonner un coup de boost: «Il faut utiliser cette possibilité de tester un nouveau modèle, ajoute Michele Campana. Si on change à nouveau d’idée, ce serait une occasion de perdue.» Surtout, de ce côté de la Sarine, personne ne croit vraiment à la solution écossaise. Elle avait déjà été balayée en 2020.
D’ailleurs, pourquoi n’avait-elle pas été proposée comme alternative en mai dernier, histoire au moins de poser le débat? «Au printemps, le CEO Claudius Schäfer a rendu visite à tous les responsables de clubs et leur a présenté tous les modèles possibles avec 12 clubs, répond Philippe Guggisberg, porte-parole de la SFL. Sur la base des réactions, le comité de la SFL a proposé la formule avec les matches décisifs. Il n’y a pas eu d’autre proposition de la part d’un club, bien que les statuts le prévoient explicitement.»
«On ne peut pas fermer les yeux»
La pression du public a possiblement joué un rôle, notamment chez les quatre clubs frondeurs. Trois d’entre eux avaient d’ailleurs voté contre les play-off en mai. Le quatrième étant alors Thoune. Saint-Gall, de son côté, a expliqué sa position: «Après que l’extension de la Super League à 12 équipes a été décidée à une nette majorité, le FCSG avait approuvé l’introduction des play-off en raison de l’absence d’alternative», ont communiqué les Brodeurs. D’autres pourraient-ils suivre le même cheminement de pensée?
«L’objectif principal et prioritaire du Servette FC était de passer à 12 équipes et cela est acquis, fait-on savoir du côté du club genevois, par la signature du directeur général Richard Feuz. Le deuxième objectif est de rendre la Ligue plus attractive et intéressante pour nos fans. Aussi, Servette travaillera avec les autres clubs de la SFL pour que le modus final validé le soit par la plus grande majorité possible de clubs.» De quoi laisser une porte ouverte.
«On ne peut pas fermer les yeux sur le fait que les fans se sont exprimés clairement contre, admet Michele Campana. Je pense que l’on peut encore changer d’idée, mais il importe que les clubs se parlent entre eux afin que la solution définitive le soit pour au moins six ou sept ans. Dans un an et demi, il s’agira de vendre les droits TV pour la prochaine période (réd: l’actuel contrat court jusqu’à la saison 2024-25). Nous ne devons pas perdre de crédibilité aux yeux des différents partenaires et parties prenantes.» La situation actuelle ne doit pas aider.