The Blaze au Montreux Jazz: «On n’est pas toujours d’accord sur tout»

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InterviewThe Blaze au Montreux Jazz: «On n’est pas toujours d’accord sur tout»

Le duo electro français, formé par les cousins Guillaume et Jonathan Alric, est au Lab le 14 juillet. Ils se livrent sur la création de son dernier album, «Jungle», qui n’a pas été sans mal.

Fabio Dell'Anna
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Fabio Dell'Anna
Jonathan (à g.) et Guillaume Alric ont formé The Blaze en 2016.

Jonathan (à g.) et Guillaume Alric ont formé The Blaze en 2016.

© Sarah Makharine

Le duo electro The Blaze débarque ce vendredi 14 juillet au Montreux Jazz. Les cousins français, qui sont déjà venus à plusieurs reprises au festival, vont présenter leur album «Jungle», sorti en mars dernier. Au bout du fil, Jonathan et Guillaume Alric reviennent sur la création de ce disque qu’ils ont pris quatre ans à peaufiner. «Il y a eu une cinquantaine de brouillons», nous disent-ils. Ils nous racontent la création de ce deuxième projet et avouent ne pas avoir été tout le temps d’accord sur tout.

Vous donnez rarement des interviews. Pourquoi?

Guillaume: On est mystérieux. (Rires.) Parfois on préfère aussi ne pas expliquer notre art pour que les gens fassent aussi leur propre interprétation.

L’album «Jungle» est sorti en mars dernier. Comment s’est déroulé le processus créatif?

G.: On a commencé à travailler dessus durant la tournée de «Dancehall» (ndlr.: leur premier album). Nous avons fait partie des chanceux qui ont pu terminer leur série de concerts juste avant le confinement. Et il nous a fallu quatre ans pour terminer le disque. On ne se prend pas la tête, on se met en studio et on laisse venir le truc naturellement. Chacun fait des tests, et on avance de cette manière.

Jonathan: Il y a toujours la mini pression du deuxième album. On voulait expérimenter plus pour ce disque. De faire des sons un peu plus axés pour le live. Le premier album c’était la découverte pendant les festivals. Pour celui-ci, on s’est dit: «Yalla, faisons quelque chose pour danser.»

L’image a toujours eu une place importante dans votre musique. En combien de temps avez-vous créé le clip de votre premier single «Dreamer»?

J.: En tout six mois. On est d’abord allé faire des repérages sur place, au Sénégal, on a revu l’écriture et finalement et on y est retourné pour filmer. Concernant le concept du clip, chacun peut s’en faire l’idée dont il a envie. Le point de départ est la crise des migrants. C’est un sujet qui nous tient vraiment à cœur et qui concerne tout le monde. Mais on ne voulait pas toucher au thème de manière frontale, comme on peut le voir sur des chaînes d’info en continu. On voit toujours les mêmes images en boucle. On a axé sur une version plus poétique et évité de montrer le côté hardcore. La vidéo parle d’un mec qui est chez lui et s’en sort plutôt bien, mais se voit obligé de partir pour être en sécurité.

Ce mec que vous mentionnez est Biram Ba, un acteur de la Comédie française. Comment l’avez-vous choisi?

J.: Via un casting. On se rend compte assez vite si c’est la bonne personne ou non. On leur demandait d’interpréter un passage musical où ils chantent en playback. Des gens sont venus avec des chansons de Brel. Biram Ba a choisi «Formidable» de Stromae. Il nous a complètement bluffés.

Est-ce que vous êtes toujours d’accord sur tout?

G.: (Rires.) Non, pas du tout. On a la chance d’être cousins, mais ça ne veut pas dire qu’on ne s’engueule pas. On reste des êtres humains. Cela peut passer par toutes les phases. Mais on essaie toujours de voir le côté positif. À la fin, on discute, on décompresse et on arrive chaque fois à trouver une entente.

J.: Dans l’art et la création, c’est méga important de ne pas être d’accord et de challenger toujours l’autre. Pour nous, c’est quasi un jeu. Quand on a une idée, l’autre va essayer de la défoncer juste pour voir si elle résiste.

«Je me souviens de la première fois qu’on a joué à Montreux, on était arrivé tôt le matin en autobus. On avait passé toute l’aprèm à se baigner. Putain, je me souviens de cette eau azur. C’était incroyable.»

Guillaume, moitié de The Blaze

Quel était votre premier projet ensemble?

J.: Tout est parti d’un projet pour mon école de cinéma. On avait le choix entre divers formats et j’ai opté pour le format clip. Du coup, pour la musique j’ai contacté Guillaume qui faisait du son depuis un bout de temps déjà. On a vraiment aimé bosser ensemble. Ensuite vous connaissez l’histoire.

Le Montreux Jazz Festival, vous connaissez.

G.: L’an dernier on a joué dans un cadre méga idyllique (ndlr.: un événement exclusif appelé Audemars Piguet Parallel). On a eu droit à un coucher de soleil magnifique sur le Léman. Je me souviens de la première fois qu’on a joué à Montreux, on était arrivés tôt le matin en autobus. On avait passé toute l’aprèm à se baigner. Putain, je me souviens de cette eau azur. C’était incroyable. On revient cette année avec un live sur lequel on a travaillé l’été dernier. On a cinq écrans qui vont proposer une scénographie folle. Préparez-vous à bouger!

Êtes-vous encore stressés un jour de concert?

G.: C’est complètement normal de stresser avant de monter sur scène. Notre cerveau n’est pas programmé à avoir des milliers de personnes qui gueulent devant toi. C’est super impressionnant. J’appellerais cela plutôt du bon trac. Mais j’avoue qu’il y a des moments où l’on se dit: «Pourquoi tu fais ce métier?» Tu as envie de partir en courant, mais cela fait partie du jeu.

Y a-t-il un moyen de gérer ce stress?

J.: Le meilleur moyen de le gérer, c’est de te bouger le cul et d’aller sur scène. On se prend dans les bras et on se souhaite bonne chance. Il y en a toujours un pour rassurer l’autre quand ça ne va pas, c’est l’avantage d’être deux.

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