BrexitJohnson passe à l’action sur le dossier brûlant de l’Irlande du Nord
Le gouvernement britannique présente lundi au Parlement son projet de loi modifiant le statut post-Brexit de la province britannique. Il est jugé illégal par l’UE, qui menace de représailles.
Londres assure continuer à privilégier des négociations pour régler la crise du Brexit et sortir l’Irlande du Nord du blocage politique qui en a découlé. Mais aucune avancée n’a été observée depuis que le gouvernement de Boris Johnson a averti qu’il comptait légiférer pour revenir sur un traité international qu’il a lui-même négocié et signé. Il assure que son texte ne viole pas le droit international.
Le protocole nord-irlandais vise à régler le casse-tête de la frontière irlandaise qui a longtemps bloqué la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne: protéger le marché unique européen sans provoquer le retour d’une démarcation physique entre la province britannique et la République d’Irlande, membre de l’Union européenne, préservant ainsi la paix. Pour résoudre cette quadrature du cercle, le gouvernement de Johnson avait accepté que l’Irlande du Nord reste de facto au sein du marché européen, instaurant une frontière douanière en mer d’Irlande, avec l’île de Grande-Bretagne.
«Nouveau canal vert»
Si le texte n’a pas été complètement appliqué, il a provoqué des difficultés d’approvisionnement et de vives tensions politiques dans la nation au passé sanglant. Car pour les membres de la communauté unioniste, il menace la place de la province au sein du Royaume-Uni à laquelle ils sont viscéralement attachés.
Le gouvernement britannique souhaite introduire un nouveau système afin que les marchandises circulant et restant au sein du Royaume-Uni passent par un «nouveau canal vert», les libérant de démarches administratives. Les marchandises destinées à l’UE resteront, elles, soumises à l’ensemble des vérifications et contrôles appliqués en vertu du droit européen.
«Il s’agit de changements bureaucratiques nécessaires, franchement c’est une série assez triviale d’ajustements», a plaidé Boris Johnson sur la radio LBC lundi matin, assurant que le projet était légal. «Notre engagement primordial en tant que pays porte sur l’Accord du Vendredi Saint de Belfast», signé en 1998 pour mettre fin à trois décennies de violences entre unionistes et républicains, faisant 3500 morts.
«Atteinte à la confiance mutuelle»
Bruxelles s’est dit prêt à des aménagements mais a toujours refusé de renégocier le principe du protocole, menaçant de représailles commerciales en cas de modification unilatérale de l’accord. La cheffe de la diplomatie Liz Truss a plaidé sa cause en appelant lundi matin le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic et son homologue irlandais, Simon Coveney, sans convaincre. Sefcovic a assuré que l’UE avait proposé des «solutions», regrettant «une action unilatérale portant atteinte à la confiance mutuelle».
Coveney, avec qui l’appel a duré à peine 12 minutes, a regretté un texte «qui violerait les engagements britanniques en termes de droit international», accusant Mme Truss de «ne pas avoir engagé de négociations significatives avec l’UE».