BrésilC’est parti pour une nuit de féerie au carnaval de Rio
Le coup d’envoi des défilés fastueux du carnaval de Rio de Janeiro a été donné dimanche soir, faisant frémir les quelque 70’000 spectateurs du Sambodrome.
Des millions de Brésiliens sont également scotchés devant leur télévision en pleine nuit pour assister à ce spectacle grandiose, qui a débuté par un immense char aux têtes de dragons saillantes, pour ouvrir le défilé de l’école de samba Imperio Serrano.
Les gueules des dragons dorés et verts s’ouvrent et se referment grâce à un ingénieux mécanisme, tandis que des danseurs en costumes dorés sont postés sur des estrades. À l’arrière du char, à plusieurs mètres de haut, saint Georges, patron de l’État de Rio de Janeiro, apparaît triomphant, une lance à la main, pour tuer les monstres.
«Une joie encore plus grande»
Les écoles de samba, basées pour la plupart dans des favelas, représentent la fierté de tout un quartier. Elles se préparent toute l’année pour leur grand show qui ne peut en aucun cas dépasser 70 minutes, sous peine de retrait de points de la part de jurés impitoyables.
Les 12 principales écoles sont évaluées selon neuf critères, parmi lesquels la qualité des chars, des costumes, le choix du thème ou la chorégraphie de la «comissao de frente», groupe de danseurs hors pair qui ouvrent le défilé. Chaque formation fait défiler près de 3000 personnes sur l’avenue Marquês de Sapucaí, une artère d’environ 700 mètres entourée des imposantes tribunes du Sambodrome.
Après l’annulation de l’édition 2021 et le report de celle de l’an dernier au mois d’avril en raison du Covid, le millésime 2023 est celui du retour aux racines. «On attend ça toute l’année, mais cette fois, ce sera une joie encore plus grande», assure Taiza Marques, 30 ans, policière municipale qui défile sur le char des dragons d’Imperio Serrano, avec un bikini doré orné de perles.
Samba sous Lula
L’an dernier, Grande Rio avait remporté le trophée tant convoité pour la première fois de son histoire avec un défilé contre l’intolérance religieuse. Cette école de Duque de Caxias, banlieue pauvre au nord de Rio, avait mis en lumière Exu, divinité afro-brésilienne souvent diabolisée par les églises néo-pentecôtistes, fervents soutiens de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
Mais cette année, les vents de la politique ont tourné, avec le retour au pouvoir de l’icône de la gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui a promis de redonner à la culture ses lettres de noblesse, après les nombreuses coupes budgétaires et les accusations de censure sous le gouvernement précédent.
Une aubaine pour l’économie locale
Si la nuit de Rio est marquée par la féerie des défilés au Sambodrome, les premières heures de la matinée sont, elles, rythmées par les cortèges musicaux des «blocos» qui animent les rues de la ville, certains attirant des centaines de milliers de personnes, pour une fête débridée où l’alcool coule à flots.
De quoi remplir les caisses des commerçants: la mairie table sur 4,5 milliards de réais (environ 805 millions francs) injectés dans l’économie locale, avec des hôtels remplis à 95%.