RDCEmmanuel Macron lance des mises en garde, y compris au Rwanda
En tournée en Afrique, le président français s’est exprimé sur le conflit qui déchire la République démocratique du Congo. «Le pillage de la RDC doit cesser» et une trêve est vitale.
Très attendu sur le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo, Emmanuel Macron, en visite à Kinshasa, n’a pas clairement condamné, samedi, le Rwanda, comme le lui demandaient les Congolais, mais il a lancé de fermes mises en garde, y compris à Kigali. La RDC «ne doit pas être un butin de guerre, le pillage à ciel ouvert doit cesser!» a martelé le président français, au cours d’une conférence de presse avec son homologue congolais Félix Tshisekedi. Ce dernier venait de déplorer l'«agression injuste et barbare» dont son pays estime être victime.
La RDC accuse le Rwanda de soutenir la rébellion du M23, qui s’est emparée, depuis l’année dernière, de vastes pans de territoire de la province du Nord-Kivu, région riche en minerais. Des experts de l’ONU ont corroboré ce soutien et plusieurs chancelleries occidentales l’ont dénoncé, bien que Kigali s’en défende. Le Ministère français des affaires étrangères a également condamné ce soutien, mais Kinshasa estime que ce n’est pas suffisant, attendant de Paris des mesures concrètes contre Kigali. Emmanuel Macron n’a pas annoncé de sanctions, mais il a appelé chacun à «prendre ses responsabilités».
Banderoles hostiles
Toutefois, Paris se retrouve accusé de parti pris en faveur du chef de l’État rwandais, Paul Kagame, avec lequel il a opéré une réconciliation après les années noires consécutives au génocide des Tutsis au Rwanda, en 1994, et les accusations d’implication dans ce bain de sang portées contre la France.
Le président français «n’est pas le bienvenu en RDCongo», disaient des mouvements citoyens à la veille de sa visite à Kinshasa. Plusieurs dizaines de jeunes qui, brandissant des drapeaux russes, avaient déjà manifesté contre sa venue, mercredi, à Kinshasa, se sont de nouveau regroupés samedi matin, avec l’intention de marcher vers un des sites de sa visite. Ils ont été rapidement dispersés par les forces de l’ordre et leurs leaders interpellés.
Président congolais dubitatif
Le président français a apporté, samedi, un soutien appuyé aux initiatives lancées en Afrique pour tenter de résoudre le conflit dans l’est de la RDC, notamment celle pilotée par le président angolais João Lourenço, qu’il a rencontré vendredi à Luanda.
Durant ses discussions avec les présidents Lourenço et Tshisekedi, ainsi qu’avec Paul Kagame, Emmanuel Macron a dit avoir constaté que tous avaient «apporté un soutien clair» à un cessez-le-feu mardi prochain. Les représentants du M23 qui sont allés voir le président Lourenço se sont aussi engagés sur ce point, a-t-il insisté. Des cessez-le-feu ont été annoncés plusieurs fois, ces derniers mois, mais n’ont jamais été respectés. «Je demande à voir, surtout au niveau des sanctions», a déclaré Félix Tshisekedi, se disant «dubitatif quant à la bonne foi de ceux qui nous ont agressés».
Un même message a marqué chaque étape de la tournée d’Emmanuel Macron, qui l’a également conduit au Gabon, en Angola et au Congo-Brazzaville: la France, ancienne puissance coloniale de plus en plus contestée sur le continent, veut développer une nouvelle relation avec l’Afrique, faite de partenariats «responsables et équilibrés».