FootballMais qu’attend Ulisses Garcia pour exister en équipe de Suisse?
Le Genevois de Young Boys est le meilleur latéral gauche de Super League. Mais il ne convainc pas encore assez pour être la doublure de Ricardo Rodriguez en sélection, à un poste sinistré.
- par
- Valentin Schnorhk Niederhasli (ZH)
Cela a été suffisamment rappelé: l’équipe de Suisse avait terminé première de son groupe de qualification à la Coupe du monde 2022 grâce à une réussite incroyable. Notamment parce qu’à la dernière minute du match décisif à Rome contre l’Italie, Jorginho avait envoyé le penalty du 2-1 dans les tribunes de l’Olimpico, laissant la Suisse filer directement au Qatar.
Ce penalty-là n’a donc pas coûté la qualification, mais Ulisses Garcia l’a peut-être quand même payé. C’est lui qui avait fait la faute sur Domenico Berardi. Ce 12 novembre 2021 correspond à la dernière fois qu’il a porté le maillot suisse. Ensuite, le Genevois n’a plus jamais été appelé par Murat Yakin jusqu’au mois de juin dernier. En Andorre et contre la Roumanie, il n’avait pas joué, mais il était là. Et il a à nouveau été sélectionné pour ce match à venir contre la Biélorussie dimanche (18 heures) à Saint-Gall.
«Ce n’était pas un bon souvenir, évacue le joueur de Young Boys. Mais cela appartient au passé, c’était il y a déjà plus de deux ans.» Deux ans durant lesquels Ulisses Garcia n’a pas perdu de son impact en club. Au contraire, il est un atout important du jeu bernois. Surtout, il sait être décisif: dix passes décisives la saison passée, déjà trois cette saison en Super League, et même un but marqué contre Bâle le week-end dernier.
Le cas de la Super League
Cela fait peu de doutes: à 27 ans, Garcia apparaît comme le meilleur latéral gauche du championnat. Mais pourquoi ne parvient-il pas à s’imposer en équipe de Suisse, à un poste pourtant sinistré, avec le seul Ricardo Rodriguez comme élément viable? Ne pourrait-il pas être la doublure du joueur du Torino? Il faut se souvenir que, entre-temps, Murat Yakin a utilisé Renato Steffen à ce poste, il a aussi convoqué Dominik Schmid en mars dernier, par exemple. «C’était difficile de ne pas être appelé, mais je prends ça comme une motivation pour travailler plus dur, confie Garcia. Moi, je me sens comme faisant partie de cette équipe, je veux me montrer aux entraînements et être une bonne option pour le coach.»
Que lui manque-t-il vraiment? Il y a quelques mois, un proche du staff de l’équipe nationale expliquait que les performances des latéraux à YB doivent être prises différemment que dans un autre club. Comprendre: l’équipe de la capitale est si dominante, que le travail du latéral y est moins exigeant, notamment défensivement. Aussi, à force d’être installé dans le camp adverse, les latéraux peuvent y enchaîner les centres ou les actions offensives, et donc faire gonfler leurs stats. Cela ne manque pas: cette saison, Garcia est pour l’instant le deuxième joueur à centrer le plus en Super League, juste derrière Miroslav Stevanovic.
Il est resté à YB
«Il est vrai qu’en tant que joueur, on doit s’adapter, admet le Genevois. Mais je crois que l’équipe nationale cherche aussi à être dominante, cela ressemble à ce qu’on peut faire à YB.» Ulisses Garcia a donc des arguments pour chasser les doutes. Ses performances actuelles, aussi en Ligue des champions, plaident pour lui: «J’essaie de tout donner, et en ce moment, cela marche bien pour moi», sourit-il. Manière de confirmer qu’il peut se confronter au plus haut niveau international. C’est la carte qu’il veut jouer, histoire de faire comprendre que les péripéties de Rome n’étaient qu’un accident.
«Mon avis personnel, c’est que je suis au niveau pour être là», plaide-t-il. Que le fait d’être à Young Boys ne doit pas jouer contre lui, au contraire. Même s’il aurait peut-être aimé partir cet été. On lui a prêté des touches en France ou en Espagne. Il est finalement resté au Wankdorf, avec une prolongation de contrat jusqu’en 2026. «Moi, je veux être meilleur chaque jour, et donc être une vraie option pour l’entraîneur», clame-t-il. Murat Yakin l’aura-t-il entendu?