ItalieAu moins sept morts à Ischia après un glissement de terrain meurtrier
Le bilan du drame qui a frappé, samedi, l’île d’Ischia, au large de Naples, s’est alourdi dimanche. Les secours sont encore à la recherche de cinq disparus.
Le gouvernement italien a proclamé, dimanche, l’état d’urgence pour l’île d’Ischia, en face de Naples (sud), touchée la veille par un grand glissement de terrain provoqué par de fortes pluies dont le bilan s’est alourdi à sept morts. «Le bilan des victimes du glissement de terrain à Casamicciola est grimpé à sept morts, tandis que les disparus sont au nombre de cinq», a déclaré dimanche soir le préfet de Naples, Claudio Palomba.
L’état d’urgence est souvent décrété dans la Péninsule à la suite de séismes, d’éruptions volcaniques ou de fortes intempéries. Il prévoit une procédure accélérée pour mobiliser des fonds et des moyens, dont ceux de la protection civile, pour des interventions urgentes ou la mise en place de structures d’accueil.
Dizaine de disparus
Sur place, plus de 200 membres de la protection civile et des forces de l’ordre cherchaient encore les disparus dimanche, tandis que des centaines de volontaires, de la boue jusqu’aux genoux, s’affairent à nettoyer les rues de la petite bourgade. Des restes de voitures et bus écrasés par la violence de la coulée de boue et de rochers sont visibles un peu partout dans un ballet de pelleteuses qui cherchent à libérer l’accès aux maisons, aux voitures et aux magasins.
Des magasins et voitures «dévastés»
«C’est une situation qui nous fait mal, ne serait-ce que pour les personnes disparues sous la montagne. Ici, c’est une île et, même si l’on ne se connaît pas vraiment tous, c’est presque ça, au moins de vue», a déclaré sur place à l’AFP Salvatore Lorini, 45 ans, un habitant d’Ischia, où il est né. «La montagne est descendue, il y a eu une dévastation de magasins, voitures, hôtel, et ça s’était déjà produit il y a neuf ans. Maintenant, je suis en train de nettoyer le magasin de ma belle-mère.»
Ce glissement a été provoqué par l’absence d’entretien et de prévention, «car la nature est la nature, il y a eu le séisme, mais un peu de prévention» aurait peut-être sauvé des vies, selon Salvatore Lorini, qui souhaiterait la mise en place d’un système semblable à celui des bouées avertissant de l’arrivée d’un tsunami, mais permettant de dire à la population que la terre se déplace.
«Cœur brisé»
«Je dois être sincère, si je pouvais, je m’en irais de Casamicciola, parce que désormais j’ai du mal à y vivre, même si je dois dire que ma maison a surmonté le séisme, les inondations», assure à l’AFP-TV Iacono Maria, 64 ans, assurant que les derniers événements lui avaient «brisé le cœur».
Une urbanisation qui dévaste
«À Ischia, il y a une urbanisation qui a frappé et dévasté tout le territoire», a déclaré à l’agence AGI Tommaso Moramarco, directeur de l’Institut pour la recherche et la protection hydrogéologique. «Quand l’île est entrée dans la période du tourisme de masse, la croissance des infrastructures a été exponentielle, étouffant tous les éléments naturels du territoire et couvrant tout de ciment», a dénoncé pour sa part le géologue Mario Tozzi dans les pages de «La Stampa», rappelant l’existence de dizaines de milliers de constructions abusives à Ischia.
Casamicciola Terme, station thermale de 8000 habitants en hiver, sur la luxuriante île d’Ischia, près de Capri, avait subi en 2017 un tremblement de terre qui avait fait deux morts. Elle avait été en revanche complètement détruite par un tremblement de terre beaucoup plus puissant à la fin du XIXe siècle.