LondresLa taxe antipollution des travaillistes leur cause une défaite
Les conservateurs l’ont largement emporté lors des élections jeudi. Une taxe supplémentaire en période d’inflation est restée en travers de la gorge des électeurs.
La défaite est venue là où on ne l’attendait pas pour le Labour, mis en échec par les conservateurs dans une circonscription de Londres. En cause: la politique antipollution de la mairie travailliste de la capitale, qui passe mal en période de crise du coût de la vie. Appliquée depuis 2019 dans le centre de la capitale et élargie une première fois en 2021, la zone ULEZ (ultra low emission zone) où les véhicules polluants doivent payer 12.50 livres sterling par jour (13.90 francs) pour pouvoir circuler, doit être étendue le 29 août au Grand Londres, soit environ 9 millions d’habitants.
Mais en pleine crise du pouvoir d’achat suscitée par la forte inflation, cette décision a suscité la colère dans les zones concernées. Elle s’est retrouvée au cœur de l’élection législative partielle qui se tenait jeudi dans l’une d’entre elles, l’ancienne circonscription de l’ex-Premier ministre conservateur Boris Johnson de Uxbridge et South Ruislip, à l’ouest de Londres.
Résultats chocs
Le Parti travailliste était donné gagnant au moment où les conservateurs sont au plus bas dans les sondages, plombés par la crise sociale actuelle et les séquelles des scandales ayant marqué le passage de Boris Johnson à Downing Street. Mais contrairement à un autre siège de député largement remporté par le Labour dans le nord de l’Angleterre, c’est ici le candidat du parti au pouvoir, Steve Tuckwell, qui a gagné avec moins de 500 voix d’avance, en tapant toute la campagne sur l’extension de la zone ULEZ et celui qui porte la mesure, le maire de Londres Sadiq Khan.
Le résultat a créé un choc et certains estiment qu’il pourrait avoir des conséquences sur la politique environnementale du Royaume-Uni dont les objectifs de long terme s’entrechoquent avec les priorités de court terme des électeurs, notamment leur pouvoir d’achat. Ce qui se passe à Londres «montre ce qu’il adviendra si le Labour dirigeait tout le pays», a ainsi taclé le président du parti conservateur Greg Hands.
Militants écolos pointés du doigt
Les travaillistes, en avance dans les sondages à un an des prochaines législatives, pourraient ainsi être tentés de revenir sur leur ambition climatique. Ils ont déjà revu à la baisse le mois dernier leur plan d’investissement de 28 milliards de livres par an (35 milliards de francs) dans les «énergies vertes», se justifiant par le contexte économique morose.
Et le leader du Labour Keir Starmer n’a pas caché peu apprécier les actions choc des militants écologistes comme ceux du groupe Just Stop Oil qui bloquent quotidiennement des routes ou interrompent des événements sportifs. Vendredi, il a demandé au maire de Londres de «réfléchir» à sa décision d’étendre la zone ULEZ, estimant qu’elle a coûté «sans aucun doute» l’élection aux travaillistes.
La majorité opposée aux taxes
Selon un sondage de l’institut YouGov, 51% des Britanniques sont opposés à ce type de taxe. La numéro 2 du parti Angela Rayner a aussi estimé qu’elle «avait été un problème» durant la campagne et qu’elle le sera aussi lors de la prochaine élection, et au-delà de Londres.
Selon elle, son parti devrait penser à davantage soutenir les ménages financièrement pénalisés par des mesures environnementales, qui ne doivent pas «pénaliser» les ménages «lorsqu’ils ne peuvent pas se le permettre». Car au-delà de la mesure elle-même, Sadiq Khan a été critiqué pour ne pas aider suffisamment les ménages à se débarrasser de leurs vieilles voitures pour en acheter de plus propres.
Attaqué de toute part, il s’est dit vendredi «déçu» du résultat de l’élection, mais il a défendu sa politique, mettant en avant la santé des Londoniens. «Nous allons écouter les Londoniens. Les Londoniens souffrent de la crise du coût de la vie mais les Londoniens souffrent aussi des conséquences de la pollution de l’air», a-t-il affirmé sur la BBC.