Biodiversité aquatiqueLa Suisse dispose de son premier inventaire de poissons
L’Eawag a annoncé ce mardi la publication du premier inventaire recensant une grande partie de la biodiversité piscicole des cours d’eau suisses.
«Si la diversité de la nature n’est pas étudiée, comprise et enregistrée, nous ne pouvons pas la protéger. Les espèces ou la diversité locales peuvent disparaître sans que nous en ayons connaissance. Cela peut entraîner une perte de services écosystémiques et poser de graves problèmes, y compris à nos sociétés», déclare Jakob Brodersen, responsable du projet «Progetto Fiumi», le premier inventaire recensant une grande partie de la biodiversité piscicole des cours d’eau suisses (voir encadré), paru ce mardi.
Les résultats montrent que «la très grande majorité des cours d’eau étudiée n’abritait que peu d’espèces: 158 sites n’en présentaient qu’une. Seuls 16 sites présentaient une grande richesse en espèces, soit 10 ou plus», annonce l’Eawag, l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau. Ces lieux particuliers se trouvaient généralement dans les grands cours d’eau du Plateau ou à proximité des lacs et c’est dans les grandes retenues fluviales que la plus grande diversité spécifique a été observée.
L’objectif de ce recensement est aussi de «chercher un moyen de mieux protéger les derniers habitats encore assez naturels de ces espèces fortement menacées», précise Jakob Brodersen. Et d’ajouter: «Le changement climatique, avec des températures très élevées et des sécheresses prolongées comme en 2022, et la situation actuelle en matière de politique énergétique, nous rappellent l’urgence de cette démarche.»
Des plus petits aux plus gros poissons
«Pendant cinq ans, les scientifiques de l’Eawag ont inventorié les poissons des cours d’eau suisses avec l’aide de garde-pêches, de fermiers, de spécialistes de bureaux d’études et de bénévoles», explique le communiqué de presse. Au total, 324 sites ont été pêchés à des altitudes allant de la plaine jusqu’à plus de 2200 mètres d’altitude. Plus de 20’000 poissons de plus de 50 espèces ont été capturés, 12’000 échantillons d’ADN et 5000 échantillons d’écailles ont été prélevés et stockés pour leur future analyse.
Les scientifiques se sont intéressés à tout type de poissons: «la plus petite épinoche recensée mesurait à peine 2 cm, le plus grand silure 1,40 m». Côté poids aussi, les différences sont impressionnantes: du 0,01 gramme d’une larve de carpe aux 50 kg d’un silure.