FranceIndemnisé pour des malformations imputées au glyphosate
Né avec de graves malformations du larynx et de l’œsophage, le jeune Théo Grataloup touche désormais une aide du Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides. Une «première».
Le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides a retenu en France le lien entre les malformations congénitales d’un adolescent et l’exposition de sa mère enceinte au glyphosate, a indiqué à l’AFP cette dernière, pour qui il s’agit d’une «première».
54 interventions chirurgicales
Théo Grataloup, seize ans, est né avec de graves malformations du larynx et de l’œsophage. Après avoir subi 54 interventions chirurgicales, il «parvient à manger par la bouche, à respirer par trachéotomie et à parler par voie œsophagienne», explique sa mère Sabine Grataloup.
Depuis mars 2022, il perçoit 1000 euros par mois du Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides, qui a retenu le lien possible entre son handicap et l’exposition de sa mère pendant sa grossesse. L’indemnité sera revue en mars 2025, au regard de l’évolution de sa santé. «Au niveau mondial, il y a eu des procès gagnés aux Etats-Unis dans des dossiers de cancers, mais pour les malformations, à ma connaissance, on est les premiers» à obtenir une telle reconnaissance officielle, a souligné Sabine Grataloup.
Du glyphosate pour désherber sa carrière
Comme dans un autre dossier accepté en 2022, «il y a une reconnaissance du lien entre la pathologie de l’enfant et l’exposition de la mère à des pesticides, mais la nature du pesticide n’est pas notifiée», a précisé à l’AFP, Christine Dechesne-Ceard, qui pilote le fonds d’indemnisation français créé par une loi de 2020 et géré par la Mutualité sociale agricole. Pour Sabine Grataloup, il n’y a toutefois aucun doute: elle travaillait dans un centre équestre et n’utilisait que rarement des pesticides, et uniquement du glyphosate, pour désherber sa carrière pendant l’été.
La famille, qui vit en Isère, n’avait initialement pas souhaité communiquer cette information, par peur d’essuyer une nouvelle campagne hostile sur les réseaux sociaux, comme ce fut le cas après le dépôt d’une plainte contre des fabricants de glyphosate en 2017, une procédure toujours en cours.
«Cancérogène probable»
Elle s’est ravisée face à la possibilité de voir l’autorisation du glyphosate reconduite pour dix ans dans l’Union européenne, qui sera soumise à un vote des 27, vendredi. «On devait partager cette victoire avec les autres victimes (...) et avec les Etats membres pour qu’ils prennent leur décision en connaissance de cause», selon Sabine Grataloup. «Une commission d’experts sélectionnés pour leur compétence et leur indépendance (...) a estimé qu’il y avait un niveau de certitude suffisant pour déclencher une indemnisation», insiste-t-elle.
Le glyphosate, la substance active de plusieurs herbicides dont le Roundup de Monsanto, a été classé en 2015 comme «un «cancérogène probable» pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé.