Jura bernoisLe chantier du pavage reprend pour six mois
Les restrictions de circulation font craindre à une citoyenne d’Orvin la faillite des magasins de son village.
- par
- Vincent Donzé
Refaire le pavage d’un village, c’est une opération qui prend du temps et qui s’effectue par étapes. À Orvin, au-dessus de Bienne, les étapes 4 et 5 débuteront le 11 avril. Le chantier ne sera pas achevé avant le 27 octobre, le temps de refaire entièrement la rue Principale, entre Orvin et Frinvillier.
Dans une localité inscrite au patrimoine historique suisse, il s’agit de fluidifier le trafic pendulaire et touristique tout en le modérant. Dans son projet, l’Office cantonal des ponts et chaussées prévoit une zone de rencontre avec un cheminement piétonnier dans le centre du village. Des éléments modérateurs de trafic amélioreront la sécurité.
4,8 mètres
Pourquoi fermer la route pendant les travaux? «Il faut 3 mètres de largeur pour le trafic, autant pour les machines de chantier. Sur une route qui fait 4,8 mètres, les mathématiques l’emportent», a expliqué au «Journal du Jura» l’ingénieur en chef Cédric Berberat.
Sur les 350 mètres de route séparant l’ancienne poste du restaurant du Cerf, il s’agira de retirer 175 000 pavés pour les réinstaller, 80% d’entre eux étant conservés. La place du Village sera aménagée pour permettre aux bus d’y faire demi-tour, avec des quais rehaussés pour les usagers handicapés.
Feuille d’avis
Six mois avec une circulation réduite, c’est long, surtout pour les commerçants et les artisans. Résidente des Prés-d’Orvin, la doctoresse Diane Lardanchet s’inquiète pour la survie des enseignes locales. Son appel à fréquenter les commerces s’est doublé d’une collecte de dons sur un compte ouvert tout exprès (CP 16-42757-9, Solidarité commerces d’Orvin, IBAN CH32 0900 0000 1604 2757 9).
C’est en discutant avec le boulanger que Diane Lardanchet s’est rendu compte de la gravité de la situation: «Je ne savais pas que certains commerçants avaient dû licencier du personnel et que le risque de fermeture existe», a-t-elle expliqué au «Journal du Jura».
«S’ils ferment, c’est un peu de l’âme de la commune qui s’éteint», a déclaré l’initiatrice de la collecte. L’âme de cette commune proche de la nature, c’est un esprit qui permet encore de recevoir du courrier avec une adresse qui ne mentionne qu’un nom, comme «Chalet Diane»…
Qui se perd
Diane Lardanchet sait qu’une collecte pour les commerçants d’Orvin a moins de chance d’émouvoir qu’une action en faveur des réfugiés d’Ukraine, mais elle évoque «une fidélité qui se perd» et sans laquelle un village devient une cité-dortoir.
De leur côté, les autorités communales mettent les entreprises locales en vitrine sur les réseaux sociaux en proposant des bons d’achat pour 22 commerces d’Orvin et des Prés-d’Orvin. Au pavage du village s’ajoutera dès ce printemps la réfection de l’autoroute A16 entre La Heutte et Bienne Nord, qui restreindra encore l’accès à Orvin.