Suisse: Inquiétant boom des paris sportifs et de la pub illégale

Le Groupe romand d’études des addictions (GREA) a mené une étude exploratoire sur la publicité digitale des paris sportifs pendant le Mondial de foot en 2022. Le résultat est plutôt alarmant. «Il y a eu une forte augmentation des contenus publicitaires pour les paris sportifs, note l’organisme. Du côté de la Loterie romande, il ressort que la stratégie visait à utiliser le Mondial pour recruter de nouveaux parieurs parmi un public jeune et non-initié.»

«Sans surprise, les parieurs et les fans de foot non-parieurs ont été les cibles de campagnes marketing intenses pendant la Coupe du monde 2022. Si la Loterie Romande (LoRo) représente le premier opérateur en termes de contenu marketing sur Internet, il est à noter que pas moins de 73,6% de la pub concerne des opérateurs de paris non autorisés en Suisse», note encore le GREA. Or, le public visé n’est pas le même. Si la Loterie Romande a ciblé Instagram comme canal de diffusion, avec des offres de bienvenue ou «bonus d’entrée», les opérateurs étrangers, eux, se sont concentrés sur un public déjà initié. Ce qui pousse les experts du GREA à signaler une contradiction: «Même si la Loro a toujours indiqué que sa pub voulait rapatrier les joueurs des plateformes étrangères vers l’offre légale, dans les faits, sa stratégie marketing semble vouloir recruter de nouveaux parieurs parmi une population jeune et non initiée». 

Par ailleurs, le GREA a constaté une hausse exponentielle des jeux d’argent en 2022. La barre des 2 milliards de francs de produit brut a été atteinte. «La croissance la plus spectaculaire est celle des paris sportifs qui sont passés de 27 millions de produit brut en 2017 à 189 millions en 2022 pour la LoRo et Swisslos», selon le GREA. Des mesures sont nécessaires, afin d’améliorer et de contrôler le respect de l’interdiction de la publicité étrangère et de transparence des dépenses publicitaires. A six mois des deux grands rendez-vous sportifs de l’été prochain, l’Euro et les JO, le GREA recommande «des mesures pour éviter que l’histoire se répète en 2024».