Cyclisme: «L’équité entre femmes et hommes dans 3 ou 4 ans»

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Cyclisme«L’équité entre femmes et hommes dans 3 ou 4 ans»

Lundi, Ellen van Dijk a battu le record du monde de l'heure à Granges, dans le canton de Soleure. Un pas de plus pour une discipline qui explose depuis quelques années.

Robin Carrel Granges (SO)
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Robin Carrel Granges (SO)
La position calculée au millimètre de la Néerlandaise.

La position calculée au millimètre de la Néerlandaise.

20min/Sébastien Anex

Vers la fin des années 2010, le cyclisme féminin était encore vu avec dédain par les suiveurs de la petite reine. Elles étaient trois ou quatre stars à gagner à peu près leur vie et elles raflaient toutes les courses possibles et imaginables, disputées dans l'anonymat le plus total, de la part des suiveurs, mais surtout des organisateurs, des sponsors et des médias. Depuis, la révolution est entamée et elle est fulgurante.

Parmi les femmes qui ont permis de mettre ce sport sur le programme TV des spécialistes de canapé, il y a Ellen van Dijk, double championne du monde du contre-la-montre, quadruple championne d'Europe du chrono et détentrice du record de l'heure depuis lundi soir. La Néerlandaise a écrasé la marque établie en septembre dernier par la britannique Joss Lowden de plus de 800 mètres, portant la distance à 49,254 kilomètres.

«Le jeu mental, c'est la chose la plus dure lors de cet effort pas comme les autres, a apprécié la championne, à peine quelques minutes après son exploit. Je sentais que j'avais le chrono sous contrôle et ça avait l'air de le faire. Je pensais juste aux 5 minutes qui allaient suivre et puis après une demi-heure à pédaler, j'ai commencé à entendre ce qu'il se passait autour de moi et c'est devenu plus compliqué de se concentrer. Mais c'était tellement cool d'avoir autant de gens qui me poussaient! Le public, mes amis, ma famille, mon copain, ça m'a permis de tenir. Je pense que je vais retenter un jour de faire mieux.»

Une course suivie en direct dans le monde entier sur YouTube, une chaîne dédiée au vélo bien connue des spécialistes (GCN) et dont le flux était distribué par l'agence Reuters, ainsi que par une vingtaine de représentants des médias dans le vélodrome soleurois, là où ils auraient été ou ou deux lors de la décennie précédente. Encore une preuve qu'à quelques semaines des premiers Tours de France et de Romandie féminins, les petites reines ne comptent plus pour des prunes. Son équipe Trek-Segafredo l'a d'ailleurs bien compris.

«Cette tentative réussie vient d'un grand travail fourni par notre formation, a souri Luca Guercilena, le manager général de la troupe italienne, engagée dans le World Tour aussi bien chez les hommes que chez les dames. L'organisation, ici à Granges, c'était 20 personnes juste pour ce record. En plus, je ne vous parle pas des ingénieurs et de tout ce qu'il y avait derrière. Au final, ça a payé! Surtout, c'est clair, on a une grande athlète... Mais pour réaliser cet effort très spécifique, c'est fondamental d'avoir l'assistance de plein de professionnels de haut niveau.»

Un investissement risqué au début, mais qui est rentabilisé par l'explosion de la visibilité des filles depuis ces derniers mois. «Même moi j'ai été surpris de l'importance prise par le cyclisme féminin, a concédé l'ancien mentor de Fabian Cancellara. On a monté cette équipe en 2019 et déjà, en l'espace de trois ans, la situation a totalement changé. L'attention des sponsors, le regard des entreprises de la branche et celle des médias. Nous, on est satisfaits, parce que Trek a beaucoup investi sur les femmes. Je pense que dans trois ou quatre ans, on arrivera vraiment à l'équité totale entre les deux sexes.» Si lui le dit…

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