Un footballeur chez les tennismenQuand Kevin Mbabu échange avec Novak Djokovic
L’international suisse raconte sa relation au tennis et sa rencontre avec le No 1 mondial. Il évoque aussi l’Euro à venir et son avenir en club.
- par
- Simon Meier - Genève
Kevin Mbabu, 29 ans, est dans les starting-blocks. Dès lundi, il aura une dizaine de jours pour convaincre le sélectionneur Murat Yakin de l’emmener à l’Euro. Mais avant de rejoindre le camp de préparation de l’équipe de Suisse, le latéral droit, qui s’est entretenu ces jours à Genève, en a profité pour rendre visite au Gonet Geneva Open et rencontrer Novak Djokovic. Juste avant la défaite de ce dernier, vendredi en demi-finale, l’ex-Servettien a accepté de deviser quelques minutes.
Comment résumeriez-vous, en quelques phrases, votre carrière de tennisman?
(Il rigole). En une phrase, je dirais Roger Federer.
Il ne vous manque que le palmarès?
Exactement. Non, la vérité, c’est que ma mère a tout fait pour que je joue au tennis, à la base. Mais moi, je ne voulais rien savoir – je ne le regrette pas, aujourd’hui. Après, je suis un fan de sport en général, donc de tennis aussi. Mais celui qui a fait que j’ai adoré et suivi cette discipline, c’est Roger Federer. J’imagine que pour les gens de ma génération, c’est à peu près la même chose pour tout le monde. Donc voilà, je suis le tennis dès que je peux, notamment les tournois du Grand Chelem, même si le décalage horaire n’aide pas en Australie et à l’US Open. C’est le sport que je regarde le plus, après le football.
Mais malgré l’insistance de votre maman, vous n’avez jamais empoigné une raquette?
Non, je ne voulais rien savoir. Moi, je voulais taper dans un ballon.
Est-ce parce que la balle était trop petite ou parce que vous vouliez pratiquer un sport d’équipe?
C’est dur à dire. A 4, 5, 6 ans, je ne voulais que shooter dans un ballon. Après, il faut dire que quand tu te balades petit dans les parcs, c’est plus facile d’improviser un foot qu’un tennis, il y a toujours un ballon et un bout d’herbe pour jouer. C’est après, à 10-12 ans, que je me suis mis à regarder le tennis. Federer, mais aussi Nadal et Djokovic, évidemment. Ce que cette génération a fait est extraordinaire, c’est aussi cette rivalité qui a fait qu’autant de gens se sont intéressés au tennis.
Avez-vous eu l’opportunité de croiser Novak Djokovic, ces derniers jours à Genève?
Oui, on a eu l’occasion de discuter 30 ou 40 minutes l’autre soir, quand il est venu voir le match au Stade de Genève (ndlr: Servette-YB, lundi). Tu vois aussi la personne derrière le sportif, quelqu’un de bon, simple, avec qui on peut rigoler. C’était hyper intéressant d’échanger avec un athlète d’une autre discipline, qui est tout simplement l’un des plus grands sportifs de tous les temps.
A part le côté détendu, qu’est-ce qui vous a frappé le plus chez lui?
Le fait de voir à quel point il ne laisse rien au hasard. Quand tu l’écoutes ou quand tu l’observes, tu te rends compte que tout est millimétré, hyper carré. Peu de joueurs sont aussi minutieux et je pense que s’il en est là encore aujourd’hui, avec cette force physique, c’est en grande partie grâce à cette rigueur, cette discipline qu’il a su lui-même instaurer. Grand respect pour ça et pour tout ce qu’il a fait.
Terminons avec un peu de ballon, quand même. Vous entraînez-vous avec le Servette FC, ces jours?
Non, je n’en ai pas la possibilité, pour des histoires d’assurance. Je m’entraîne et m’entretiens de mon côté en attendant de rejoindre le camp de l’équipe nationale (ndlr: dès lundi). Il y a une grande échéance à préparer, en espérant faire rêver le pays comme nous l’avions fait il y a trois ans.
Cette liste de 38 joueurs dressée par Murat Yakin, cette attente de la sélection définitive le 7 juin, comment les abordez-vous?
Cela fait partie du job. Dès le premier jour, il va falloir montrer ses intentions, prouver qu’on a envie de faire partie de l’aventure. Et ensuite, c’est le coach qui tranchera.
Vous sortez d’un prêt à Augsbourg, mais vous appartenez toujours à Fulham. Où jouera Kevin Mbabu la saison prochaine?
Cette question, je me la pose aussi. La seule chose que je peux dire aujourd’hui, c’est que je ne pense pas que mon avenir s’écrira à Fulham. Ensuite, on verra, d’autant qu’avec l’Euro qui s’annonce, le mercato va avancer plus lentement. On va voir si quelque chose peut se passer avant l’Euro, mais ça me semble difficile.
D’où l’importance, pour vous, d’être à l’Euro et de l’utiliser comme tremplin?
Exactement.