Élections fédéralesTous les petits indépendants sont «too big to fail»
La violoncelliste Estelle Revaz a lancé sa campagne mercredi à Genève, où elle poursuit son idée d’une politique sociale pour les petits entrepreneurs et les indépendants.
- par
- Eric Felley
Candidate au Conseil national sur la liste du PS genevois, la violoncelliste Estelle Revaz est une indépendante entrepreneuse vivant au rythme des incertitudes économiques, qui ont été nombreuses ces dernières années. Si elle est entrée en politique, c’est à l’occasion de la période du Covid, où elle a constaté l’absence de soutien pour les artistes, autres indépendants et petits entrepreneurs. Les mêmes ont été touchés ensuite par la crise de l’énergie et l’inflation.
Dans le cadre de la campagne du PS autour du thème du pouvoir d’achat, elle veut continuer son action pour ces petites structures économiques qui font la Suisse. «Il a été très facile de débloquer des sommes colossales pour sauver Credit Suisse parce qu’on estimait que la banque était too big to fail, a-t-elle déclaré mercredi lors d’une conférence de presse de sa liste à Genève. Eh bien moi je trouve que notre tissu de PME et d’indépendants est aussi too big to fail pour l’économie suisse et qu’il est temps de prendre les mesures qui s’imposent».
«Creuser sa tombe pour les années à venir»
Si elle constate que «les petits entrepreneurs sont incroyablement résilients», il y a tout de même des limites: «Je suis 100% indépendants dans un secteur à haut risque, je sais de quoi je parle. Quand le pouvoir d’achat diminue et que l’insécurité est grande, la première chose que l’on fait, c’est de réduire les investissements… Et c’est très vicieux parce que c’est justement comme ça qu’on creuse sans le vouloir sa tombe pour les prochaines années. Les petits indépendants se prennent toutes les crises en pleine face… Ils ont besoin qu’on leur tende enfin la main».
Pour la candidate socialiste, il est par ailleurs vital que tout employeur puisse indexer les salaires de ses employés au coût de la vie: «Mais, si la conjoncture, dont il n’est absolument pas responsable, le met dans une situation impossible, l’État doit alors l’aider, afin qu’il puisse lui-même survivre, tout en assumant dignement son rôle d’employeur».
Les milliards des prêts Covid
Estelle Revaz propose donc que l’État offre «une aide au développement économique pour les PME solidaires qui indexeraient intégralement les salaires au coût de la vie et qui s’engageraient à ne pas licencier pendant la durée de l’aide perçue». Cette aide correspondrait au montant de l’indexation et pourrait prendre la forme d’un crédit d’impôt ou d’une subvention annuelle. Celle-ci pourrait être reconduite sur 2 ans en cas d’investissement dans un projet d’innovation, ou sur 3 ans en cas de difficultés à rembourser un crédit Covid-19.
Elle rappelle que de nombreuses entreprises ont dû faire appel aux crédits Covid: «Aujourd’hui, ils ne sont plus à taux zéro, mais à 1,5%. Si la crise Covid semble terminée pour beaucoup de monde les traces sont encore brutales pour de nombreuses petites entreprises». Pour mémoire, la Confédération avait cautionné quelque 138’000 prêts Covid pour un montant total de 17 milliards de francs, remboursables sur huit ans par les entreprises. À fin avril dernier, selon les informations du Secrétariat d’État à l’économie, un bon quart avait été complètement remboursé par les entreprises. Mais il restait encore pour 8,8 milliards de francs de dettes Covid pour les autres à un taux de 1,5%. Plus de 4000 entreprises ont déjà mis la clef sous la porte dans ce contexte.