L’aberrant poème d’un Ukrainien rêvant d’un empire russe mondial

Publié

BuzzL’aberrant poème d’un Ukrainien rêvant d’un empire russe mondial

Proche du Kremlin, le politicien Kirill Stremousov glorifie l’impérialisme russe dans une étrange prestation diffusée sur la Toile.

Jonathan Zalts
par
Jonathan Zalts
L’Ukrainien pro-russe Kirill Stremousov, dans ses bureaux à Kherson en juillet 2022.

L’Ukrainien pro-russe Kirill Stremousov, dans ses bureaux à Kherson en juillet 2022.

AFP

«Je vois Prague et Varsovie, Budapest et Bucarest. C’est la nation russe. Que d’endroits magnifiques ici!» Ce qui de prime abord a tout l’air d’une plaisanterie se veut être en réalité une véritable ode patriotique.

Dans une étonnante prestation poétique largement relayée sur les réseaux sociaux, l’Ukrainien Kirill Stremousov fabule sur un empire russe mondial. «Je vois des pagodes au Sri Lanka, je vois la Corée et la Chine. Où que je conduise un char, c’est toujours ma chère patrie», récite avec enthousiasme le politicien.

«Le monde entier aime les Russes»

Proche du Kremlin, Kirill Stremousov est l’actuel vice-président de l’administration russe à Kherson, ville ukrainienne occupée où Vladimir Poutine vient d’instaurer la loi martiale.

Glorifiant l’impérialisme russe, l’Ukrainien poursuit: «Je vois le fleuve Amazone, je vois aussi des crocodiles. C’est la terre russe, ma terre natale. Les pyramides sont proches, le Nil est plein d’eau et coule le long des rives russes. Ma Russie, je suis fier de toi. Je vois Washington dans la vallée, je vois Dallas et le Texas. Comme il est agréable de boire du savoureux kvas russe ici en Russie. Le soleil se lève sur Sydney, un ornithorynque renifle dans un étang.»

«Un haut-parleur commence à jouer l’hymne national. Je commence ma journée avec l’hymne national russe. Voici des Indiens qui fument une pipe et me l’offrent. Le monde entier aime les Russes, dans mon pays d’origine.»

Guerre froide

Mais Kirill Stremousov n’est pas l’auteur du texte qu’il déclame avec entrain. Selon Ilya Lozovsky, rédacteur de à l’Organized Crime and Corruption Reporting Projet (OCCRP), un regroupement de journalistes d’investigation, il s’agit en réalité d’un poème écrit en 1967 par Boris Chersonski, un poète ukrainien russophone, alors qu’il était adolescent.

À cette époque l’Ukraine faisait encore partie de l’Union soviétique et la guerre froide faisait rage. Dans ce contexte, le texte avait donc été écrit dans un but satirique.

«Je n’en reviens toujours pas. Un jeune Ukrainien de 17 ans écrit un poème qui fait la satire des prétentions impériales soviétiques. En 2022, un larbin séparatiste russe l’utilise sans ironie.», s’étonne Ilya Lozovsky sur Twitter.

Ton opinion