La sonde spatiale européenne Juice a décollé pour Jupiter

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Guyane françaiseLa sonde spatiale européenne Juice a décollé pour Jupiter

La sonde voyage à bord d’une fusée Ariane 5 qui a quitté le port spatial de Kourou à 14 h 14, heure suisse. Le lancement avait été reporté jeudi en raison d’un risque d’orages.

La quête principale de Juice est de trouver non pas directement la vie, mais des environnements propices à son apparition.

La quête principale de Juice est de trouver non pas directement la vie, mais des environnements propices à son apparition.

ESA/CNES/Arianespace/Optique Vidéo du CSG/JM Guillon

La sonde spatiale européenne Juice a décollé vendredi, lors d’une deuxième tentative, à bord d’une Ariane 5, à destination de Jupiter et ses lunes glacées pour y chercher des environnements propices à des formes de vie extraterrestre.

Reportée jeudi de 24 heures en raison de risques d’orages, la mission scientifique phare de l’Agence spatiale européenne (ESA) a pu s’élancer à 14 h 14 (heure suisse) depuis le port spatial de Kourou, en Guyane française, marquant le début d’une odyssée spatiale inédite.

La sonde la plus complexe jamais envoyée vers Jupiter

Vingt-sept minutes après son décollage, Juice (Jupiter Icy Moons Explorer) s’est séparée avec succès de la fusée Ariane 5 à 1500 kilomètres d’altitude, 27 minutes après s’être élancée. La mission d’Ariane 5 «est un succès», a déclaré Stéphane Israël, le président d’Arianespace.

«La trajectoire est nominale», c’est-à-dire conforme à ce qui était prévu, a déclaré peu de temps après le décollage le directeur des opérations depuis la salle de contrôle de Jupiter du Centre spatial guyanais (CSG), où l’émotion était palpable. Jeudi, les équipes du CSG avaient dû interrompre les opérations sept minutes seulement avant le décompte final, à cause d’un risque de foudre.

Une première pour l’Europe

Contrairement aux lancements classiques qui disposent d’une certaine marge pour décoller, la fenêtre de tir de la sonde Juice est à une seconde près, du fait de l’orbite particulière qui est visée. «Juice est la sonde la plus complexe jamais envoyée vers Jupiter», a souligné le directeur général de l’ESA Josef Aschbacher, dans la salle de contrôle Jupiter du CSG.

Conçue par Airbus, Juice embarque dix instruments scientifiques (caméra optique, spectromètre imageur, radar, altimètre, magnétomètre…). La sonde est aussi équipée d’immenses panneaux solaires de 85 m² – la taille d’un terrain de basket – pour garder de la puissance, dans un environnement où la lumière du Soleil est 25 fois plus faible que sur Terre.

C’est la première fois que l’Europe spatiale part explorer une planète du système solaire externe, qui démarre après Mars. «Par petites touches, l’exploration spatiale repousse les frontières de la connaissance», s’est félicité Thomas Pesquet, qui a assisté au lancement aux côtés de l’astronaute française Claudie Haigneré et de son collègue allemand Matthias Maurer.

Elle n’arrivera qu’en 2031

Juice ne doit atteindre sa destination finale, à plus de 620 millions de kilomètres de la Terre, qu’en 2031. Ne pouvant rejoindre directement Jupiter, l’engin devra en passer par de complexes manœuvres d’assistance gravitationnelle qui consistent à utiliser la force d’attraction d’autres planètes pour gagner de la vitesse. Par un survol Lune-Terre d’abord, puis de Vénus (2025), puis à nouveau de la Terre (2029), avant de prendre son élan vers le mastodonte du système solaire et ses plus grandes lunes, découvertes il y a 400 ans.

La quête principale de Juice est de trouver non pas directement la vie, mais des environnements propices à son apparition. Si Jupiter, planète gazeuse, est inhabitable, ses lunes Europe et Ganymède sont des candidates idéales: sous leur surface de glace, elles abritent des océans d’eau liquide, or seule l’eau à l’état liquide rend la vie possible.

Le lancement de Juice, d’un coût de 1,6 milliard d’euros, intervient en pleine crise des lanceurs pour l’Europe, quasiment privée d’accès autonome à l’espace après le départ des fusées russes Soyouz de Kourou, des retards cumulés d’Ariane 6 et de l’échec du premier vol commercial de Vega C.

(AFP)

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