Asie centraleTurkménistan: une élection pour entériner la succession père-fils
Les électeurs du Turkménistan se rendent aux urnes samedi pour choisir leur président, un scrutin joué d’avance qui permettra au fils de l’actuel dirigeant de prendre les rênes de ce pays reclus et autoritaire d’Asie centrale.
La succession entre Gourbangouly Berdymoukhamedov et son fils Serdar, qui a connu une ascension météorique ces dernières années, marquera le premier changement d’envergure en plus de 15 ans au Turkménistan.
Officiellement, neuf candidats sont en lice, mais il ne fait aucun doute que le scrutin sera remporté par Serdar Berdymoukhamedov, âgé de 40 ans. Les bureaux de vote seront ouverts de 02 h 00 GMT (03 h 00 en Suisse) à 14 h 00 GMT (15 h 00 en Suisse).
Goubangouly Berdymoukhamedov, 64 ans, régnait seul depuis son arrivée au pouvoir en 2006, après la mort de son prédécesseur Saparmourat Niazov, tristement réputé pour la répression brutale de toute forme d’opposition.
Surtout connu à l’étranger pour le fantasque culte de la personnalité dont il fait l’objet, Gourbangouly Berdymoukhamedov a brusquement annoncé le mois dernier vouloir se retirer au profit de la «jeune génération».
L’actuel dirigeant, dont une statue équestre en or trône à Achkhabad, capitale de cette ex-république soviétique d’Asie centrale d’environ six millions d’habitants, devrait toutefois rester dans les coulisses du pouvoir.
L’élection se tiendra dans un contexte international chargé, l’ancienne puissance régionale, la Russie, ayant lancé ses troupes à l’assaut de l’Ukraine fin février, provoquant une onde de choc mondiale.
Les médias turkmènes, contrôlés par le gouvernement, ont quasiment passé sous silence le pire conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, se contentant de mentionner une «situation compliquée» en Ukraine.
Ascension rapide
Malgré l’absence totale de suspense, l’élection de samedi sera scrutée par les observateurs de l’Asie centrale, où les régimes, aussi autoritaires que stables, changent généralement à la mort du dirigeant en place.
Une exception avait eu lieu en 2019 au Kazakhstan, lorsque Noursoultan Nazarbaïev avait cédé son trône à un fidèle lieutenant, Kassym-Jomart Tokaïev. Mais des émeutes en janvier ont révélé une lutte d’influence féroce entre leurs clans.
Serdar Berdymoukhamedov a connu une ascension rapide ces dernières années. Il a notamment occupé la fonction de vice-ministre des Affaires étrangères et de gouverneur régional, avant de devenir l’an dernier vice-président du cabinet ministériel et membre du puissant Conseil de sécurité. Il reste malgré tout peu connu, sa biographie officielle mentionnant seulement qu’il est «le plus expérimenté» des candidats, bien qu’il soit le plus jeune.
Goubangouly Berdymoukhamedov a confirmé qu’il resterait en politique en tant que président du Sénat, soit la deuxième figure de l’État. Et selon Rouslan Myatiev, rédacteur en chef du journal indépendant Turkmen.News basé en Europe, des amendements constitutionnels pourraient donner de plus grands pouvoirs au corps législatif «si jamais quelque chose se passe mal avec Serdar».
Serdar Berdymoukhamedov a qualifié sa candidature à la présidentielle de «grande responsabilité», y compris pour les générations plus jeunes qui ont grandi après l’indépendance de l’URSS, tout en promettant de marcher dans les pas de son père.
L’économie du Turkménistan dépend presque totalement de la vente de gaz naturel, notamment à la Chine, et a beaucoup souffert du ralentissement de l’activité mondiale au début de la pandémie de coronavirus.