Procès du «violeur de la Sambre»: «J’ai cru mourir. J’avais quinze ans et demi»

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Procès du «violeur de la Sambre»«J’ai cru mourir. J’avais quinze ans et demi»

Accusé de 17 viols, 12 tentatives de viol et 27 agressions ou tentatives d’agression sexuelle entre 1988 et 2018, le sexagénaire est jugé depuis vendredi dans le nord de la France. 

Le sexagénaire a commis de nombreux viols durant des dizaines d’années.

Le sexagénaire a commis de nombreux viols durant des dizaines d’années.

AFP

«Je l’ai déshabillée, violée», mais regardée, «pas vraiment»: avec la même froideur qu’il a opposée à ses victimes depuis le début de son procès, Dino S. a admis jeudi le viol d’une adolescente, niant toutefois tout «repérage» anticipé. «J’ai peur. Mais j’ai trouvé la force de venir, pour que vous preniez le maximum», lui crie Marine (prénom modifié), à la barre. «Vous avez profité que j’étais évanouie. Vous m’avez laissée inerte, à moitié dévêtue, par un temps froid. J’ai cru mourir. J’avais quinze ans et demi», le défie-t-elle.

Poings serrés, elle «revit» la scène, ce matin glacial à Leval. Une agression par l’arrière, une main sur la bouche, et une phrase, «gravée dans ma tête: "tais-toi, et avance"». Puis un chemin isolé menant à un champ. Le reste, «je ne m’en souviens pas», j’ai peut-être «fait une amnésie». Quand elle «reprend ses esprits», son pantalon est baissé, sa culotte arrachée. Son cartable un peu plus loin. Le sperme de Dino S. sera retrouvé sur elle.

«Voulez-vous sortir, pendant qu’il raconte?», demande le président. Hésitante, Marine titube, s’assoit et reste. Lui relate, sans émotion. «Je suis arrivé par derrière. Je l’ai emmenée dans un champ, je l’ai déshabillée. Je l’ai violée, ça a été assez rapide, et puis je me suis sauvé».

«En effet. Je suis désolé»

«Je me rends compte de la gravité des faits, hein. J’oublie rien Monsieur le président, vous inquiétez pas», assure l’accusé, qui comparaît pour des viols et agressions sexuelles commis sur 56 victimes, mais en conteste une partie.

Dans son parcours de violeur, c’est la «première» pénétration vaginale, observe le président, «vous allez de plus en plus loin». «En effet. Je suis désolé. Et ça va pas s’arrêter, ça va aller même croissant», avance-t-il, impassible. Ce lieu, «c’est sur votre axe» pour aller au travail, à «proximité de votre domicile», observe l’avocat général. Marine, elle, l’assure: «Je pense qu’il était parfaitement informé de nos faits et gestes».

Dino S. donne la même réponse que pour d’autres victimes entendues avant elle: «C’est le hasard. Elle était là au mauvais moment». «J’ai pas le souvenir de repérages». Mais il se réserve de reconnaître en avoir ciblé d’autres. Lesquelles? «On verra plus tard». A-t-il regardé Marine? «Pas vraiment». Il tente des «excuses», se veut courtois. «Je suis tolérante envers les policiers, qui au départ ne m’ont pas crue. Mais vous, vous ne méritez aucune empathie», répond-elle.

«Harcèlement téléphonique»

Un peu plus tôt, il avait reconnu l’agression d’une autre adolescente, mais réfuté la qualification de «tentative de viol». «J’ai pas souvenir» d’avoir soulevé sa jupe, avait-il dit. Et comme souvent devant les enquêteurs ou la cour, il avait contesté certains détails accablants. Comme le fait de l’avoir abandonnée, inconsciente, au milieu des voies de chemin de fer. «Il n’avoue qu’à moitié», regrettera cette victime, 17 ans au moment des faits.

Quant au «harcèlement téléphonique» qu’elle assure avoir vécu dès le lendemain de son agression, par «exactement la même voix», qui menaçait de «la finir», lui estime que «c’est pas possible». «J’ai jamais téléphoné à aucune victime».

Assurant avoir «évolué» depuis son arrestation, il a reconnu au cours de l’audience d’autres agressions sexuelles qu’il niait jusque-là. Mais ses atermoiements irritent une victime quadragénaire, qui lui intime de «faire un effort: nous, on se déshabille devant vous, on déballe notre vie privée», lui lance-t-elle. «Je pense à mes victimes tous les jours. Ça va me poursuivre, jusqu’au bout», répète-t-il, sans montrer aucune émotion.

«C’est un homme qui, de manière subliminale, va dire que ce qu’il fait "c’est pas bien", puis de manière beaucoup plus appuyée, dire que lui, il est une victime», avait estimé mardi l’enquêteur qui avait dirigé sa garde à vue. «Puis il va vous dire des choses pour vous attendrir, vous emmener, peut-être, là où il veut».

(AFP)

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