JaponLa défense de l’ex-employé de Ghosn plaide son innocence
Fin septembre, des procureurs ont requis deux ans de prison ferme contre un ancien haut responsable des affaires juridiques de Nissan. Mercredi, il a plaidé non coupable.
Les avocats de Greg Kelly, un Américain de 65 ans jugé à Tokyo depuis plus d’un an dans l’affaire des rémunérations que Nissan était censé verser ultérieurement à Carlos Ghosn, ont plaidé mercredi son innocence.
Fin septembre, les procureurs ont requis deux ans de prison ferme contre cet ancien haut responsable des affaires juridiques de Nissan, qu’ils avaient présenté comme le cerveau des efforts du constructeur automobile pour gonfler en secret les revenus de Carlos Ghosn.
Le parquet reproche à Greg Kelly d’avoir aidé Carlos Ghosn à cacher aux autorités boursières japonaises 9,1 milliards de yens (près de 74,5 millions de francs) de revenus sur la période 2010-2018 que Nissan prévoyait de verser ultérieurement à son grand patron à l’époque. «Greg Kelly n’est pas coupable», a déclaré mercredi son principal avocat Yoichi Kitamura devant les juges.
Pas de quelconque «conspiration»
Ni les montants, ni les moyens de paiement, ni le calendrier de ces paiements n’étaient déterminés, et donc Nissan n’avait pas besoin de publier ces données, selon Yoichi Kitamura. Greg Kelly n’était pas non plus à la tête d’une quelconque «conspiration» chez Nissan sur ce dossier, contrairement à ce que les procureurs ont affirmé, toujours selon son avocat.
Carlos Ghosn et Greg Kelly avaient été interpellés au Japon le même jour en novembre 2018, puis placés en liberté sous caution dans l’attente de leur procès. Tous deux clament leur innocence depuis le début de l’affaire.
L’ancien magnat de l’automobile franco-libano-brésilien a fui le Japon fin 2019 dans des circonstances rocambolesques, et vit depuis au Liban, qui n’extrade pas ses ressortissants. Greg Kelly s’est ainsi retrouvé en première ligne face aux juges nippons.
Fin septembre, Yoichi Kitamura s’était dit «plutôt confiant» sur les chances de Greg Kelly d’être acquitté. «Nous ferons automatiquement appel» s’il est condamné, même à une peine avec sursis, avait-il assuré à l’AFP.
Verdict prévu en mars
Le verdict devrait tomber en mars prochain. Le nouvel ambassadeur désigné des États-Unis au Japon, Emanuel Rahm, a dit la semaine dernière devant le Sénat américain qu’il comptait suivre le dossier de près. Également jugé dans ce procès, mais en tant qu’entité morale, Nissan lui a plaidé coupable mercredi, tout en implorant la clémence des juges.
Les avocats du constructeur japonais allié au français Renault ont notamment fait valoir les amendes totalisant plusieurs dizaines de millions d’euros qu’il a déjà payées auprès des autorités boursières japonaises et américaines dans cette affaire, et les dommages pour son image de marque.
Le parquet a requis le mois dernier une amende symbolique de 200 millions de yens (1,5 million d’euros) contre Nissan.