BirmanieWashington accuse la junte militaire de génocide contre les Rohingyas
L’administration Biden estime que l’armée de Birmanie s’est rendue coupable de génocide et de crimes contre l’humanité contre la minorité musulmane des Rohingyas, ont déclaré dimanche 20 mars des responsables américains.
Les États-Unis ont estimé que les violences commises par les militaires en Birmanie contre la minorité rohingya relevaient du génocide et des crimes contre l’humanité, a déclaré dimanche à l’AFP un responsable américain.
Des centaines de milliers de musulmans rohingyas ont fui la Birmanie à majorité bouddhiste depuis 2017 après une répression militaire qui fait désormais l’objet d’une procédure pour génocide devant la plus haute juridiction des Nations Unies à La Haye.
850’000 Rohingyas réfugiés au Bengladesh
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken doit prononcer un discours lors d’une visite lundi au musée de l’Holocauste à Washington, où une exposition intitulée «Burma’s Path to Genocide» (le chemin de la Birmanie vers le génocide) et utilisant un ancien nom pour le pays est présentée.
Antony Blinken a déclaré en décembre lors d’une visite en Malaisie que les États-Unis cherchaient «très activement» à savoir si le traitement de la communauté rohingya pourrait «constituer un génocide».
Un rapport publié par le département d’État en 2018, cité par CNN, décrivait la violence contre les Rohingyas dans l’État de Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie, comme «extrême, à grande échelle, généralisée et apparemment destinée à la fois à terroriser la population et à chasser les résidents rohingyas».
Environ 850’000 Rohingyas se trouvent dans des camps au Bangladesh voisin tandis que 600’000 autres membres de la communauté restent dans l’État de Rakhine.
Davantage de sanctions
Si un génocide est juridiquement désigné contre la Birmanie, le pays pourrait subir des sanctions supplémentaires et des restrictions visant l’aide internationale, entre autres sanctions contre la junte militaire, a avancé le New York Times. Les États-Unis ont imposé une série de sanctions aux dirigeants du coup d’État militaire du 1er février 2021 qui, pendant la transition démocratique avant le coup d’État, ont été accusés de crimes contre l’humanité pour la campagne brutale contre les Rohingyas.
Le dossier ouvert contre la Birmanie devant la Cour internationale de justice en 2019 a été compliqué par le putsch qui a renversé Aung San Suu Kyi et son gouvernement civil, déclenchant des manifestations de masse et une répression sanglante. La lauréate du Prix Nobel de la paix, qui a été critiquée par des groupes de défense des droits humains pour son implication dans la répression des Rohingyas, est maintenant assignée à résidence et jugée par les mêmes généraux qu’elle a défendus auprès de La Haye. Le 15 mars, l’ONU a dénoncé des tueries de masse en Birmanie, accusant l’armée de possibles crimes contre l’humanité et crimes de guerre depuis le coup d’État militaire.
Dans un rapport portant sur la période ayant suivi le putsch, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a appelé la communauté internationale à prendre immédiatement des mesures pour enrayer la spirale de violence en Birmanie. Certaines des «violations et atteintes systématiques et généralisées aux droits de l’homme» attribuées à l’armée birmane «pourraient être assimilées à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité», a estimé l’ONU, qui a pourtant pour habitude de laisser le soin aux tribunaux de trancher.
Des milices anti-junte ont pris les armes contre les généraux qui étouffent dans le sang la contestation, avec plus de 1600 civils tués et 11’000 arrêtés, selon une association locale de défense des droits de l’Homme. Le rapport de l’ONU de son côté fait état de 1600 personnes tuées et de plus de 12’500 arrêtées. Par ailleurs, au moins 440’000 autres ont été déplacées et 14 millions ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, mais l’acheminement de cette assistance reste largement bloqué par l’armée, selon l’ONU.