InterviewGabry Ponte: du tube Blue (Da Ba Dee) à la finale de l'Eurovision
À Bâle, le DJ italien a réussi à qualifier Saint-Marin, vingt-cinq ans après avoir atteint le sommet des charts au sein du groupe Eiffel 65.


Gabry Ponte est le seul DJ en finale, samedi à Bâle. Sa chanson «Tutta l'Italia» est devenu l'un des hymnes repris par les fans.
AFP«Tutta l'Italia» était déjà un succès en Italie avant de devenir l'un des hymnes de l'Eurovision à Bâle. Et Gabry Ponte a réussi à se hisser en finale en l'interprétant pour Saint-Marin. Une demi-surprise puisqu'il est le seul DJ de cette édition. Il faut dire que l'Italien s'y connaît en hits: il est l'un des membres d'Eiffel 65, dont le titre d'eurodance «Blue (Da Ba Dee)» et «Move Your Body» ont fait un carton mondial à la fin des années 90. Lematin.ch a rencontré le Turinois de 52 ans avant qu'il ne tente de remporter pour la petite république pour la première fois le trophée du concours de la chanson.
Mardi, lors de la première demi-finale, on vous a vu l'écran être tellement surpris de vous qualifier pour la finale. Vous ne vous y attendiez vraiment pas?
Je l'espérais, mais... La musique est imprévisible. Surtout dans un concours comme l'Eurovision, où il y a tellement de facteurs. Et j'étais très tendu. Ma chanson est en italien, et on ne sait jamais si les gens d'autres pays peuvent s'y identifier.
Samedi, vous passez en 25e et avant-dernier. C'est une bonne position?
On m'a dit que c'était bien. Quoi qu'il en soit, c'est le Concours Eurovision de la chanson, le nom parle de lui-même: tout tourne autour de la chanson. Et si celle-ci est assez forte et que vous arrivez à vous connecter avec les gens, ils vont voter pour, peu importe sa position dans la soirée. Je suis probablement trop romantique, mais j'espère que c'est comme ça.
Expliquez-nous pourquoi votre chanson représente Saint-Marin et non l'Italie?
En Italie, c'est le gagnant du Festival de Sanremo qui est envoyé à l'Eurovision. Mais ce n'est pas possible pour un DJ d'y participer, vous devez chanter en live. J'y ai présenté «Tutta l'Italia» en avant-première, en tant qu'invité. C'était l'hymne officiel du festival. Les gens ont adoré cette chanson et beaucoup d'Italiens ont écrit sur les réseaux sociaux qu'il fallait l'envoyer à l'Eurovision, qu'elle était parfaite pour ça. Quelques jours plus tard, Saint-Marin m'a invité à participer à sa sélection, que j'ai remportée. Les étoiles se sont alignées au bon moment.
Qu'est-ce que les gens aiment tant dans «Tutta l'Italia»?
La chanson a été composée en pensant à mon concert au stade San Siro, qui aura lieu le 28 juin prochain. Nous imaginions toute l'Italie dansant et sautant à l'intérieur du stade et nous l'avons écrite en quelques heures. C'était spontané. Et je pense que quand une chanson naît comme ça, les gens le ressentent, c'est très fort.
Et chez les fans qui ne sont pas Italiens?
La chanson mentionne l'Italie, mais ça peut aussi être un pays entier qui danse. Ou toute l'Europe. Elle parle du pouvoir de la musique qui rassemble les gens.
«Il y a quelques années, la version que David Guetta a faite avec Bebe Rexha a ramené «Blue» au sommet des classements.»
On n'est pas dans les clichés sur l'Italie, comme l'est la chanson de l'Estonien Tommy Cash avec «Espresso Macchiato»...
C'est aussi une chanson accrocheuse, mais c'est différent...
Vous, qui êtes né à Turin, serez le premier DJ à vous produire le mois prochain au stade San Siro, à Milan, devant 55'000 personnes...
Turin est très proche de Milan. On a choisi San Siro parce que c'est un stade iconique.
Mais c'est aussi le stade de l'AC Milan et de l'Inter. Vous n'êtes pas fan de foot?
Non, donc ça ne fait pas de différence pour moi. (Il sourit.)
Vous avez sorti un nouveau single, vendredi. Pouvez-vous nous en dire plus?
Le morceau s'appelle «Brokenhearted». C'est une collaboration avec le groupe américain Train. Ils ont sorti tout un tas d'immenses chansons, c'est un honneur de travailler avec eux.
À la fin des années 90, vous êtes devenu mondialement connu avec Eiffel 65. Qu’est-ce qui a permis à «Blue (Da Ba Dee)» de devenir bien plus qu’un simple morceau dance?
C'est une chanson fondamentalement pop, mais avec un rythme de dance, ce qui n'était pas très habituel à l'époque. Très pop pour les clubs et peut-être trop osée pour les radios grand public. Cet équilibre a probablement été la clé de son succès mondial. Ensuite, elle a réussi à traverser les générations. Elle est en quelque sorte éternelle, les enfants l'aiment et il y a eu aussi beaucoup de reprises et de remixes par de grands artistes. Il y a quelques années, la version que David Guetta a faite avec Bebe Rexha a ramené «Blue» au sommet des classements. C'est fou!