Abbé Pierre: «Il a mis sa langue dans ma bouche»

Depuis les révélations concernant les abus sexuels commis par l'abbé Pierre, les multiples témoignages démontrent à quel point l'Église catholique était au courant du comportement déviant de son prêtre médiatique. L'émission «Mise au Point» de la RTS a retrouvé la trace d'une femme de 88 ans, de nationalité suisse et péruvienne, qui vit aujourd'hui à Lima.

En 1988, elle avait été mandatée par la revue «Choisir» pour faire un portrait de l'abbé Pierre. Rendez-vous avait été pris à l'hôtel Terminus à Genève. Après un court échange d'amabilités, elle a compris que son interlocuteur avait d'autres intentions: «Il s'est mis à côté de moi, explique-t-elle. Debout, il s'est pressé contre mon corps. Et puis j'ai senti qu'il avait une érection».

Ensuite, il a poursuivi avec des attouchements sur le haut du corps: «Et puis, il m'a mis sa langue dans ma bouche. Après quelques minutes, l'abbé Pierre m'a demandé: «Alors, est-ce que c'était aussi bien pour vous, ma petite?...»

Sur ce, elle a pris ses jambes à son cou. Mais elle n'avait pas d'article... Elle a donc décidé de revenir le lendemain, cette fois en gardant prudemment ses distances et son manteau. Elle a pu faire son entretien. Mais, une fois qu'elle avait terminé, «il a tout de même réussi à s'approcher et à me toucher une nouvelle fois les seins par-dessus mes vêtements».

Cette femme avait raconté son histoire en 2007 dans une revue péruvienne. Cependant, elle constate que ce genre d'affaire n'intéressait ou n'intéresse toujours pas les gens dans son pays. Il existe une communauté Emmaüs au Pérou, et l'abbé Pierre y a fait des visites. Selon elle, il est bien probable qu'il ait agi de la même façon avec d'autres femmes.

«Mais le pire, à mon avis, c'est que l'Église catholique a caché cela pendant 70 ans, dénonce-t-elle. Je trouve cela impardonnable, surtout quand on sait qu'il n'y avait pas que des femmes comme moi à l'époque, cinquantenaire, mais aussi de très jeunes filles».

Et d'ajouter: «C'était un malade mental que l'Église catholique a laissé voyager et faire des choses horribles un peu partout dans le monde».