Conflit au Proche-OrientReconnaître l'État de Palestine occupe les esprits en Europe
Tandis que l'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont franchi le pas officiellement mardi, cette question divise toujours profondément les pays européens.
La reconnaissance de l'État de Palestine par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, officialisée mardi, a donné des idées à des élus européens. À Paris, un député de La France insoumise (extrême gauche) a brandi un drapeau palestinien durant les débats de l’Assemblée nationale, provoquant une interruption de séance. Il a été sanctionné d'une exclusion pour quinze jours et d'une diminution de son indemnité parlementaire.
Dans la foulée, le président français a répété que la reconnaissance d’un État palestinien ne devait pas intervenir sous le coup de «l’émotion». «Je considère que cette reconnaissance doit arriver à un moment utile», a déclaré Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse commune avec le chancelier allemand Olaf Scholz, près de Berlin.
Aussi en Italie
À Rome, des députés du parti d'opposition Mouvement 5 Etoiles se sont levés durant la prise de parole d'un de leur collègue, qui plaidait pour la reconnaissance d'un État palestinien par l'Italie. Ils ont eux aussi brandi des drapeaux palestiniens et de la paix, sans que cela provoque d’incident majeur.
L'Italie reste opposée à la décision de la Norvège, de l’Espagne et de l’Irlande, et plaide pour des négociations qui mèneraient «à la naissance d’un État palestinien reconnaissant Israël, et qui soit reconnu par Israël».
«Ce n'est pas contre Israël»
Reconnaître l'État de Palestine est «une nécessité» pour «parvenir à la paix», a au contraire dit mardi le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez. Cette décision n’est prise «contre personne, et encore moins contre Israël», a-t-il ajouté.
Son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a pour sa part affirmé que «personne» ne pouvait les «intimider», en réponse à des tweets rageurs du chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz.
Le premier ministre irlandais, Simon Harris, a pour sa part estimé qu'il fallait «maintenir l’espoir en vie» au Proche-Orient et a appelé son homologue israélien, Benjamin Netanyahou «à écouter le monde et à arrêter la catastrophe humanitaire» dans la bande de Gaza. De son côté, le chef de la diplomatie norvégienne, Espen Barth Eide, a jugé «regrettable que le gouvernement israélien ne montre aucun signe d’engagement constructif».
Entraîner d'autres pays
L’Espagne, l’Irlande et la Norvège considèrent que leur initiative a une très forte portée symbolique, à même d'inciter d’autres Etats à les rejoindre. Mais au sein de l'UE, cette reconnaissance suscite de profondes divergences.
Dans une déclaration commune avec l'Espagne et l'Irlande, en mars dernier, les chefs de gouvernement maltais et slovène s'étaient dits «prêts à reconnaître la Palestine» si «les circonstances sont les bonnes». Le 9 mai, le gouvernement slovène a lancé ce processus sur lequel le Parlement doit se prononcer d’ici au 13 juin.
La Suède avait été, en 2014, le premier pays de l’UE à reconnaître l’État de Palestine, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et Chypre l’ayant fait avant d'intégrer l’Union européenne.
Les Occidentaux réticents
L’État de Palestine est désormais reconnu par 145 des 193 États membres de l’ONU. Mais la plupart des pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, ainsi que l’Australie, le Japon ou encore la Corée du Sud, sont absents de cette liste.
Mi-avril, les États-Unis ont eu recours à leur droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU pour bloquer une résolution visant à ce que la Palestine devienne un État membre à part entière de l’organisation internationale.