CommentairePrimes élevées: les Suisses se plaignent... mais votent mal!
Si le peuple suisse refuse les initiatives sur la santé, il ne pourra plus se plaindre des primes trop chères.
- par
- Eric Felley
Un double non se dessine dans les sondages pour les deux initiatives sur la santé au vote le 9 juin prochain. Une majorité du peuple suisse a la mémoire courte ou alors trop de monde se sent assez riche. Le refus de ces deux initiatives sera perçu à Berne comme une validation du statu quo, une forme de légitimation du système actuel, comme l'avait été le refus de la caisse unique en 2014 par 61,9% des voix.
L'annonce d'une augmentation d'environ 6% des primes pour 2025 par le site Comparis devrait pourtant faire réagir les gens pour qu'ils donnent une suite à ces deux initiatives. Elles ne vont pas bouleverser le système de la santé, mais permettront de mieux soutenir les ménages à faibles et moyens revenus et de mettre un garde-fou à l'inflation galopante qui agite les milieux médicaux. Elles devraient surtout maintenir la pression sur les lobbies de la santé, qui prendront ce refus pour argent comptant.
Les gens sont mécontents pendant deux mois
En septembre dernier, après l'annonce d'une hausse moyenne canon de 8,7% pour les primes 2024, le journal «Le Temps» avait lancé un sondage. 61,2% des personnes interrogées se disaient favorables à la caisse unique. 68,1% en Suisse romande et 58,1% en Suisse alémanique. Mais c'est toujours la même chose, les gens sont mécontents pendant deux mois, puis se résignent à leurs nouvelles primes.
En cas de double-non le 9 juin prochain, il existe certes des contreprojets aux deux textes, mais ils ne sont guère contraignants. On peut déjà dire qu'ils n'auront donc aucune incidence sur l'augmentation des coûts de la santé et des primes pour les prochaines années.
Système hybride
Les Suisses voudraient donc continuer dans ce système hybride, où chacun des acteurs de la santé, assureurs compris, tire la couverture à soi, profitant des conditions d'un marché libéral, tout en ayant des assurés captifs à qui on fait payer une facture chaque année plus chère. Sans compter les avalanches de subventions, qui finissent dans les poches cousues d'argent desdits acteurs.
Au mois de septembre, quand ce sera au tour d'Elisabeth Baume-Schneider d'annoncer les hausses de primes, certains lui rappelleront la campagne qu'elle a menée contre son propre camp. Mais il sera trop tard.