CommentaireLes Russes sont tous des espions potentiels
À trois semaines du sommet pour la paix en Ukraine, le Parlement montre les muscles.
- par
- Eric Felley
Les deux Chambres fédérales ont décidé que le Conseil fédéral devait expulser systématiquement les employés d'ambassade qui se livrent à des activités d'espionnage. Les Russes sont visés en particulier par cette motion, qui a été déposée dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Trois semaines avant le sommet pour la paix en Ukraine, prévu les 15 et 16 juin au Bürgenstock, c'est une décision du Parlement helvétique qui montre sa défiance envers le régime de Vladimir Poutine.
On se souvient qu'en 2017, le Ministère public de la Confédération, avec l'aval du Conseil fédéral, avait ouvert une enquête contre deux présumés espions russes suspectés d'avoir mené une cyberattaque contre l'Agence mondiale antidopage et s'être intéressé de trop près au Laboratoire de Spiez.
Cet incident avait causé une brouille entre la Suisse et la Russie. Le tonitruant Sergueï Lavrov avait remis en place Ignazio Cassis: les Russes n'ont pas d'espion. L'affirmer était un geste inamical!
Pays hostile
Aujourd'hui, nous ne sommes plus vraiment amis avec les Russes, mais leurs diplomates sont toujours en Suisse. Et aucun n'a plus été inquiété publiquement depuis. Selon les chiffres publiés dimanche par la presse, leur personnel compte 217 collaborateurs, dont le tiers serait suspecté d'espionnage par le Service de renseignement de la Confédération. En réalité, ils sont tous un peu suspects depuis que Poutine a déclaré que la Suisse était un pays hostile.
Les Russes ne sont pas invités au Bürgenstock, mais c'est certain qu'ils pourront compter sur un nid espions pour savoir ce qui s'y raconte. Et personne ne pourra les en empêcher. D'ailleurs, les Russes disent déjà connaître le contenu du document final qui sera signé au terme de la rencontre des 15 et 16 juin. Les bons espions ont toujours un coup d'avance. La motion du Parlement suisse n'y changera pas grand-chose.