Attaque sur Rafah«Les gens n’ont été ni blessés ni tués: ils ont brûlé»
Les survivants sont choqués par la frappe sur le camp de déplacés dans une zone qualifiée de «sûre» par Israël, qui leur avait demandé de s'y rendre.
Au milieu des décombres dans le camp de déplacés de la ville palestinienne de Rafah, des enfants ramassent des paquets de chips sauvés des flammes tandis que des hommes déblaient ce qu’il reste de tentes ou d’abris de fortune carbonisés.
Le camp a été la cible d'une frappe israélienne meurtrière dans la nuit de dimanche à lundi. Cette attaque a duré plusieurs heures et a entraîné la mort d’au moins 45 personnes selon les autorités locales de la bande de Gaza, où le mouvement palestinien Hamas est au pouvoir.
Une «martyr» de 13 ans
«La fille de mon cousin, une enfant de 13 ans, faisait partie des «martyrs». Ses traits étaient méconnaissables car les éclats d’obus lui ont arraché le visage», témoigne Mohammad Hamad, 24 ans. «Les gens n’ont été ni blessés ni tués: ils ont brûlé», se lamente-t-il.
La frappe israélienne, qui visait deux responsables du mouvement islamiste palestinien, a provoqué un incendie qui a ravagé le camp, réduisant en cendres les tentes et les abris qui y avaient été érigés. Au matin, il ne restait plus que des morceaux de tôles noircies et des planches de bois calcinées.
Ils étaient là sur ordre d'Israël
Choqués, des Palestiniens qui s'étaient réfugiés dans cette partie de la ville, après avoir reçu l’ordre de l’armée israélienne d’évacuer d’autres secteurs, ont confié leur incompréhension.
«Ils ont largué des tracts nous demandant de nous rendre dans la zone humanitaire de Tal al-Sultan. Alors nous l'avons fait, nous sommes venus ici», raconte Abou Mohammad, un homme parti de chez lui, dans le nord de la bande de Gaza. «Malgré cela, hier, au moment où je mangeais, j’ai soudain ressenti comme un tremblement de terre.»
Mohammad Abou Qamar, 27 ans, a également été surpris par les frappes. Lui aussi avait quitté le nord pour s’installer dans ce camp, qualifié de «zone sûre» par les autorités israéliennes.
Femme enceinte tuée
À la clinique Tal al-Sultan, le sol d’une pièce a été recouvert de linceuls improvisés dans des morceaux de draps blancs. Les dépouilles des victimes de cette frappe ont ensuite été emmenées pour être enterrées.
Au milieu du cortège funèbre, un homme pleurait sa soeur, Yasmine. «Elle était enceinte de sept mois, sa chambre a été bombardée», se lamente Ahmed Miqdad. «Elle se préparait à accueillir son bébé. Qu’a fait cet enfant innocent pour mériter cela?» lance-t-il.
Lundi, l’armée israélienne, ainsi que le Premier ministre ont affirmé que la frappe sur ce camp faisait l’objet d’une enquête, Benjamin Netanyahu qualifiant son issue «d’accident tragique».
Sept mois de guerre
La guerre qui fait rage a été déclenchée par l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, qui a entraîné la mort de plus de 1170 personnes, majoritairement des civils.
Israël a juré de détruire le Hamas et a lancé en représailles une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza, entraînant la mort de plus de 36'000 personnes, pour la plupart des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas à Gaza.