AmbassadesLa Suisse ouvre la chasse aux espions russes... et autres
Après le Conseil national, les États votent une motion visant à expulser les diplomates aux activités douteuses.
- par
- Eric Felley
Après une décision du Conseil national en décembre dernier, le Conseil des États a accepté lundi une motion de la Commission de politique extérieur du Conseil national, qui vise à «expulser systématiquement les espions russes et autres espions étrangers».
La majorité estime que «l’espionnage compromet non seulement les informations potentiellement sensibles et les secrets de notre pays, de citoyens et citoyennes et d’entreprises, mais aussi la liberté d’opinion et de réunion de certaines communautés. Il écorne également notre réputation d’État hôte sûr».
Pour la minorité (UDC et PLR), cette motion n'apporterait aucune plus-value par rapport à la pratique actuelle. Sauf qu'actuellement l'expulsion de diplomates est du ressort du seul Département des affaires étrangères. La motion élargit le champ des compétences à la délégation de sécurité du Conseil fédéral, qui réunit trois départements: les affaires étrangères, la défense et justice et police.
Un sur trois
Selon la dernière édition du «Matin Dimanche», la Suisse accueille en ce moment 217 diplomates russes. Pour le Service de renseignement de la Confédération (SRC) un tiers de ces personnes se livrerait à des activités d'espionnage. Depuis le début de la guerre en Ukraine, divers pays européens ont expulsé environ 600 diplomates russes. La Suisse aucun.
Le Conseil fédéral soutient cette motion, mais du bout des lèvres: «En se basant sur la pratique actuelle, chaque mesure doit faire l'objet d'un examen et d'une décision au cas par cas, afin de tenir dûment compte des circonstances particulières et des intérêts de la Suisse». Comme l'a rappelé Viola Amherd devant le plénum, le critère déterminant dans ce type de décision est la sécurité de la Suisse.
Genevois pas d'accord
Pour Carlo Sommaruga (PS/GE), la Suisse doit rester crédible et avoir une politique restrictive: «On ne peut pas être le ventre mou de l'Europe en termes d’espionnage. Le message doit être clair». Son collègue Mauro Poggia (MCG/GE) a défendu le contraire, estimant qu'il revenait au Conseil fédéral de gérer les cas d'espionnage. Il a dit qu'il s'agissait d'un domaine où «il ne fallait pas prendre des décisions coupées à la hache, il faut de la nuance et de la délicatesse».
Au vote, le Conseil des États suivi le premier par 32 voix à 9 et 2 abstentions. Dorénavant, les espions russes et d'autres nations n'ont qu'à bien se tenir. S'ils sont découverts, c'est retour au pays.