GenèveFin des négociations sur un traité sur les pandémies, sans accord
Malgré la prolongation des pourparlers à plusieurs reprises, les pays membres de l'OMS ne sont pas parvenus à s'entendre sur un accord international.
Après plus de deux ans de travail pour tenter d’arracher un traité sur la prévention et la lutte contre les pandémies, les négociations ont pris fin vendredi à Genève, sans accord.
«Ce n’est pas un échec»
«Puisque vous avez fait de votre mieux, il ne doit pas y avoir de regrets», a déclaré le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, aux délégués. Mais, a-t-il dit, «ce n’est pas un échec». Le chef de l’OMS a appelé les pays à aller de l’avant car «le monde a toujours besoin d’un traité sur les pandémies». «Ce qui importe maintenant, c’est de savoir ce que nous tirons de cette expérience et comment nous pouvons réinitialiser les choses, les recalibrer, identifier les principaux défis et aller de l’avant. C’est ce qui compte», a-t-il insisté.
Les négociations ont été prolongées à plusieurs reprises, sans succès. Le co-président du groupe chargé des tractations (Intergovernmental Negotiating Body, INB), Roland Driece, les a qualifiées de «montagnes russes». «Nous ne sommes pas arrivés là où nous espérions nous rendre», à savoir trouver un accord, a-t-il dit. Ce groupe va devoir rendre compte de l’absence d’accord devant l’Assemblée mondiale la santé, organe suprême de l’OMS dont font partie 194 pays, qui se réunit du 27 mai au 1er juin. «Tout examen à l’AMS deviendra alors un avis ou une action pour les prochaines étapes», selon un porte-parole de l’OMS, Christian Lindmeier.
Points sensibles
La prévention et la lutte contre les pandémies sont devenues des défis d’autant plus majeurs depuis la catastrophe humaine et économique qu’a été le Covid-19, faute de préparation, de coordination et de solidarité.
Cela fait plus de deux ans qu’un collectif de pays planche sur un cadre général de réponse, mais en dépit de progrès ces dernières semaines, plusieurs obstacles semblaient difficiles à franchir. La principale pierre d’achoppement est la création d’un «système multilatéral d’accès et de partage des avantages pour les agents pathogènes à potentiel pandémique» (PABS) piloté par l’OMS.
Les pays en développement sont peu désireux de partager leurs agents pathogènes sans garantie d’avoir en retour des vaccins et autres produits de santé. Le financement d’un tel plan, en particulier pour les pays pauvres, est un autre point sensible, au même titre que la distribution équitable de tests de dépistage, des traitements et des vaccins mais aussi des moyens de les produire.
«Peut-être trop ambitieuse»
Les négociateurs avaient l’option de présenter à l’AMS un accord de principe, avec l’espoir de la convaincre de donner plus de temps au processus. Dans une version préliminaire datée de jeudi que l’AFP a pu consulter, de larges portions du texte étaient déjà approuvées.
Ellen 't Hoen, avocate pour l’ONG Medicines Law & Policy, déplore de son côté que les réels débats sur le choix des termes n’aient commencé que sur la fin des discussions. La réalisation en deux ans de ce traité, «qui peut toujours devenir le traité négocié le plus rapidement», «était peut-être trop ambitieuse», a-t-elle dit. «Plus nous nous rapprochons de l’Assemblée, plus cela devient complexe», avait reconnu Precious Matsoso, qui copréside les débats. «Sans compromis, cela ne fonctionnera pas», avait aussi averti Roland Driece. Cette semaine, le chef de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus avait également appelé les négociateurs à «faire un dernier effort pour passer la ligne d’arrivée», exhortant les pays indécis à ne pas bloquer un possible consensus.