CommentaireLa droite libérale prend en otage la 13ᵉ rente AVS
La 13ᵉ rente AVS est dorénavant le prétexte pour couper à tout-va.
- par
- Eric Felley
Le 3 mars dernier, la peuple suisse a accepté une proposition claire et sans appel: le versement d'une 13e rente AVS par 58% des voix dès 2026. Il n'a pas suivi les partis bourgeois majoritaires au Parlement et au Conseil fédéral qui défendaient le non. Ceux-ci doivent pourtant aujourd'hui appliquer cette initiative à contrecœur.
Le temps presse pour trouver une solution de financement. Selon ce qui a été dit durant la campagne, le Conseil fédéral fait deux propositions pour trouver les 4,7 milliards nécessaires. Augmenter les cotisations salariales de 0,8 point de pourcentage ou augmenter les cotisations de 0,5 point avec une hausse de la TVA de 0,4 point. Dans le second cas, le peuple devrait se prononcer à nouveau.
La Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du National a débattu de ces propositions et les a refusées par 13 voix contre 12. Une coalition libérale de l'UDC, du PLR et des Vert'libéraux a obtenu cette courte majorité. Mercredi, Elisabeth Baume-Schneider et le Conseil fédéral n'en ont pas tenu compte en persistant dans leurs propositions mises en consultation jusqu'au 5 juillet.
Le PLR a réagi dans un communiqué, déplorant la voie choisie par le Conseil fédéral, qui rappelons-le est à majorité UDC et PLR. Ces partis exigent qu'avant tout nouveau prélèvement sur les salaires, les dépenses de la Confédération doivent être réduites dans le domaine du personnel, de l'asile, de la coopération internationale ou de la culture. Bref, partout, sauf à l'armée.
Cela signifie un long débat, qui aura lieu de toute façon au Parlement au sujet des finances fédérales, tenues par la ministre PLR, Karin Keller-Sutter. Cependant, le 3 mars, la population suisse n'a pas voté pour couper à tout-va dans l'administration fédérale, dans l'asile, dans la coopération ou dans la culture.
Mécontente du résultat, la droite extrapole des mesures. Elle prend en otage la 13ᵉ rente pour couper là où, de toute façon, elle aurait voulu couper. Les votes sur le financement de la 13e rente seront serrés au Parlement, et il n'est pas impossible qu'un référendum soit lancé. C'est ce que souhaite secrètement la droite, un deuxième vote populaire, sa revanche.