Mondial de hockeyDébat: la Suisse ou l’Allemagne en demi-finale?
Jeudi, à Ostrava (16h20), les Helvètes et la Mannschaft seront opposés en quarts de finale. Qui va gagner? Deux de nos journalistes, un prospect et un vétéran, en débattent.
- par
- Ruben Steiger ,
- Emmanuel Favre
Ruben Steiger: la Suisse car elle n’a jamais été aussi forte
Les supporters suisses ont dû rire jaune mardi en constatant que leur équipe fétiche allait une nouvelle fois se frotter à l’Allemagne en quarts de finale du Mondial de hockey. Les mauvais souvenirs ont immédiatement ressurgi. Cette année sera néanmoins différente.
Car cette Suisse est la meilleure de l’histoire dans un championnat du monde. Les avis des spécialistes sont quasiment unanimes. Les bookmakers, qui ne sont pourtant pas les plus friands quand il s’agit de prendre des risques, donnent la sélection de Patrick Fischer largement favorite. Même les joueurs le clament haut et fort. «Depuis que je suis en équipe nationale, c’est la meilleure équipe dans laquelle il m’a été donné de jouer», affirme Kevin Fiala.
La superstar fait d’ailleurs partie des facteurs qui poussent à l’optimisme avant le lâcher de puck. Le Saint-Gallois est au sommet de son art. Il n’a jamais été aussi dominant sous le maillot rouge à croix blanche. La ligne qu’il forme avec Nico Hischier et Nino Niederreiter a donné le tournis aux défenses en phase préliminaire. Il n’y a pas de raison que ça change contre une équipe qui a déjà encaissé 24 buts dans ce tournoi.
Si cela ne suffit pas à convaincre les plus pessimistes, on peut leur exposer l’atout Roman Josi. L’arrière bernois vole sur les glaces tchèques. Quand il porte le maillot de l’équipe nationale, celle-ci se transforme. Elle devient capable de tous les exploits.
C’est simple, les joueurs suisses de NHL patinent dans une autre dimension que les Allemands évoluant en Amérique du Nord. Ajoutez à cela des éléments de National League qui n’ont rien à envier à ceux de DEL (la première division allemande).
En étant rationnel, il est impossible de penser que la Suisse ne va pas s’imposer. Objectivement tout parle en faveur la Suisse. Comme en 2010, 2018, 2021 et 2023 me direz-vous? C’est vrai.
Mais un dernier argument, beaucoup plus subjectif, fera la différence: la soif de revanche. Cette fois, c’est sûr et certain, la malédiction allemande prendra définitivement fin ce jeudi vers 18h30 à Ostrava.
Emmanuel Favre: l'Allemagne parce que la Suisse est énigmatique
Un jour, il y a fort longtemps, alors que je découvrais l’environnement de l’équipe de Suisse de hockey sur glace, un vieux sage m’avait soufflé, mi-mariol mi-solennel, une phrase que je véhicule depuis comme un guide-âne.
«Avec l’équipe de Suisse, t’as qu’une certitude: tu ne sais jamais», avait répété le compère plus sage que vieux car il est plus jeune que moi.
Et il avait raison.
Peu importe l’identité du bonhomme qui gesticule derrière le banc, qui retient une larme quand le frétillant hymne national tinte dans l’aréna et qui rouspète contre les arbitres pour montrer qu’il existe, peu importe le nom et la charpente des bipèdes chaussés de patins, cette équipe a toujours eu quelque chose d’énigmatique.
Elle a rendu possible l’impossible en battant la Russie à Saint-Pétersbourg deux jours après avoir laissé des plumes contre une équipe de France qui n’était censée ne faire peur qu’à elle-même.
Elle a battu et blanchi le Canada aux Jeux olympiques.
Elle a trébuché contre l’Allemagne en 8es de finale d’un tournoi disputé sous les cinq anneaux.
Elle a décroché des médailles à l’issue de deux championnats du monde.
Elle a été figurante de son quart de finale contre l’Allemagne de 2023.
Donc, oui, avec ce team aux armoiries stupidement considérées comme illégales, on ne sait jamais.
On croit pourtant savoir que la Suisse est favorite et que l’histoire récente a démontré qu’elle ne savait pas trop bien comment se dépatouiller avec ce statut.
On croit savoir que la Suisse compose avec un quatuor de joueurs exceptionnels qui figurent parmi les meilleurs de leur profession au niveau mondial.
On croit aussi savoir qu’elle a également tout plein de joueurs ordinaires qui ont pris un abonnement à la défaite ces 12 derniers mois lorsqu’ils se sont frottés à d’autres nations.
On croit encore savoir que l’Allemagne a le numéro de la Suisse et que, forcément, ça crée un complexe sous les casques helvétiques.
Mais non, en fait, avec l’équipe de Suisse, on ne sait jamais.
Sauf qu’à la fin, ben, c’est toujours l’Allemagne qui gagne.
La Suisse ou l'Allemagne, qui va gagner?