FootballCommentaire: le LS doit mieux travailler
Le Lausanne-Sport a bouclé sa saison, soulagé, sur une 10e place au classement de Super League, devant GC et le SLO et derrière Yverdon. Une remise en question sportive est nécessaire pour progresser.
- par
- Robin Carrel
«On a Ineos qui est là, qui nous soutient et qui est ambitieux. Il y a des restrictions budgétaires mais on n'est pas les seuls, les autres filiales d'Ineos ont aussi des restrictions. Moi, ça me va bien. On va revenir à des choses plus vertueuses que ces dernières années. L'objectif sera d'être européen la saison prochaine.»
Ces propos pourraient être tout droit sortis de la bouche de Leen Heemskerk, le président lausannois. Mais non. Ils sont de Jean-Pierre Rivère, le boss niçois, un club dont les interrogations sont à peu près similaires à celles du LS finalement.
Parce que la branche sport d'Ineos est devenue une immense machine, avec de la F1, de la voile, du marathon et maintenant Manchester United et que, forcément, ça pose plein de questions. Sauf qu'une chose est indéniable: depuis que la firme britannique a pris en mains la destinée du Lausanne-Sport, il a beaucoup, beaucoup, beaucoup investi, que ce soit dans le stade de la Tuilière ou dans le contingent lausannois et quoi qu'en disent les supporters à l'heure de l'analyse de fond au Café du Commerce, à la Confrérie ou au G Bar.
Après, pas sûr que cet argent ait été judicieusement investi et ça, ce n'est pas du ressort d'Ineos directement, mais plutôt des gens en place, qui gèrent le sportif sur les Plaines-du-Loup... Car pour un Antoine Bernede ou un Zeki Amdouni, combien de Goduine Koyalipou, d'Anthony Koura, de Mayron George, de Simone Rapp ou d'Enzo Zidane? Fondamentalement, le LS a les moyens pécuniers de ses ambitions. Mais a-t-il les ressources humaines dans le sportif pour faire les bons choix, quand on voit un club comme Winterthour faire bien mieux avec moins?
Le 21 décembre dernier, Tony Chauvat, le responsable du recrutement du club de la Tuilière, y allait d'une sentence dans Blick qui fait pas mal réfléchir quelques mois plus tard, après que son club a dû attendre l'avant-dernière journée pour s'assurer de sa place dans l'élite: «Quand je compare notre secteur offensif avec celui des autres équipes de Super League, je pense que nous n'avons rien à envier à personne, à part Young Boys qui est dans une autre catégorie. Mais Zurich, Lugano et les autres, nous pouvons les regarder dans les yeux. Je parle pour le secteur offensif, mais pour toute l'équipe, d'ailleurs.» Sur le papier, peut-être...
Et puis on est aussi en droit de se demander si la structure Ineos a bien géré le cas Aliou Baldé quand même, par exemple. Brillant avec Lausanne contre... l'OGC Nice en préparation, le Sénégalais de 21 ans est parti sur la Côte d'Azur un peu après, laissant le LS se débrouiller pour essayer de la remplacer. Résultat de cette mutation inattendue pour le joueur? Sept apparitions en Ligue 1, deux en Coupe de France, pour un total incroyable de 99 minutes de jeu, zéro but et zéro passe décisive.
Le but de la saison du LS était de se sauver confortablement, mais la troupe de Ludovic Magnin n'a eu qu'un soir de tranquille de l'exercice, ce mardi contre GC (0-0). Le néo-promu a fini par le faire, au terme de mois faits de hauts et de bas, en démarrant au passage une partie sans Suisse sur le pré - une première en Super League depuis 14 ans! - et en décevant souvent au tableau d'affichage malgré des intentions de jeu louables - le symptôme d'un manque de talent? -, alors que ses tribunes n'ont jamais été aussi bien garnies (environ 120'000 supporters sur la saison) depuis le début du siècle.
En prime, Lausanne a placé quatre de ses «gamins d'ici» sur la pré-liste des 38 de Murat Yakin pour l'Euro. Comme quoi, c'est peut-être dans un pot local que le LS pourra faire une meilleure soupe. Car pour le «club phare du canton de Vaud», terminer deux fois de suite dans le sillage d'Yverdon est un sacré camouflet.