Votations fédérales du 9 juinPolitique de la santé: le match Nantermod-Poggia
Bisbille à droite sur les vertus de la concurrence et le rôle des cantons.
- par
- Eric Felley
L'un est conseiller national PLR, Philippe Nantermod (PLR/VS), l'autre est conseiller aux États MCG, Mauro Poggia (MCG/GE), ancien ministre de la Santé du canton de Genève. Les deux élus de droite animent la campagne un peu terne des votations fédérales du 9 juin sur les initiatives concernant la santé.
Dans Le Temps, Mauro Poggia estime que les initiatives populaires soumises au peuple le 9 juin ne sont que «des emplâtres sur une jambe de bois, (…) des transferts de charges entre les assureurs, les assurés, les contribuables, les cantons». Malgré tout, il n'est pas contre l'initiative du PS, qui veut plafonner les primes d'assurance maladie à 10% du revenu. Il calculé que si le texte passait, la Confédération verserait 200 millions de plus à son canton.
Genève: «une catastrophe»
Dans une réflexion plus globale, il assène: «Ceux qui pensent que la santé est un marché qui va se réguler par la concurrence, qu’ils retournent à l’école!» Il vise ainsi l'idéologie du PLR en la matière. Philippe Nantermod lui rétorque dans le même journal: «Monsieur Poggia a dirigé le système de santé genevois pendant des années. C’est une catastrophe. C’est un système parmi les plus chers de Suisse, ce n’est pas le meilleur. Je pense que quand on a dirigé un système cantonal de santé comme celui-là, on est mal placé pour faire la leçon...»
L'exemple des dentistes
Pour le PLR valaisan, la concurrence demeure la meilleure des solutions pour faire baisser les coûts: «Les dentistes, qui ne sont pas remboursés par l’assurance maladie, se sont vus confrontés à la concurrence de la France voisine (…) Ils ont dû finalement s’aligner sur les tarifs qui sont pratiqués du côté de la Haute-Savoie (…) C’est le modèle qu’on devrait retrouver dans l’ensemble du domaine de la santé».
Dérégulation du système
Mais Mauro Poggia dénonce «la dérégulation du système par la majorité parlementaire à laquelle il (Philippe Nantermod) appartient, en obligeant les cantons à investir de l’argent public dans les hôpitaux privés et en soulageant indûment les assureurs complémentaires... Sans parler de la guerre de tranchées que doivent mener les cantons pour gagner quelques menus pouvoirs de contrôle, notamment en matière de comptes de nos assureurs et de fixation des primes».
Pour Mauro Poggia, le PLR valaisan «survole ainsi tous les sujets, avec la dextérité d’une certitude en des valeurs universelles, ayant fait depuis longtemps leurs preuves dans le secteur de la carrosserie et de l’assurance casco».
Toutefois, les deux sont d'accord sur un point: ils sont opposés à l'initiative du Centre pour un frein aux coûts.